Danscet ouvrage maintes fois rééditĂ©, Patrick Leigh Fermor se penche sur le monachisme chrĂ©tien, d'abord chez les bĂ©nĂ©dictins de l'abbaye de Saint-Wandrille, dans le Pays de Caux, chez qui il fit de nombreuses retraites Ă  partir de 1948. Puis il nous parle de Solesmes, dans la Sarthe, et des cisterciens de la Grande Trappe, dans l'Orne. Enfin, un dernier chapitre Quiveut comprendre la subtilitĂ© monastique du Moyen-Ăąge peut se rendre dans la Sarthe et aller Ă  la rencontre de deux abbayes si proches et si lointaines Ă  la fois : l’abbaye de Solesmes et l’abbaye de l’Épau. L’une vit encore au rythme des laudes, sexte, none, vĂȘpres et complies tandis que la seconde a adoptĂ© un rythme plus touristique. Si elles sont toutes deux bĂ©nĂ©dictines 1De cette abbaye ont Ă©tĂ© conservĂ©s trois cartulaires : le Premier Cartulaire, composĂ© dans les annĂ©e ; 2 Autrefois situĂ©e au niveau de l’actuelle rue Saint-Vincent, au nord de la ville du Mans. Plus rien ; 3 Cartulaire de l’abbaye Saint-Vincent du Mans, Premier cartulaire, Ă©d. cit. 4 Saint-Pierre de La Couture est une abbaye urbaine de mĂȘme importance que celle de Saint-Vincent. ï»żServiceNature en ville (Boulevard nature) Appeler. 02 43 47 49 60. Écrire. CS 40010. 72039 Le Mans Cedex 9. Venir. 19 bis, rue de l'Étoile, au Mans. du lundi au vendredi, de 8 h 30 Ă  12 h et de 13 h 30 Ă  17 h. SABINEPIGALLE. NĂ©e en France en 1963. Vit et travaille Ă  Paris. Formation: Études de Lettres Modernes Paris Sorbonne. Sabine Pigalle, artiste visuelle privilĂ©giant le medium photographique, s’inscrit dans la mouvance d’une nouvelle gĂ©nĂ©ration qui naviguent aux frontiĂšres troubles de la rĂ©alitĂ© et de la ïŹction. spĂ©cialitĂ©en mĂ©decine allemagne; performance joueur nba parions sport; dr omar suleiman wife esraa; de particulier Ă  particulier 85 maison; convertisseur cassette hi8. top floral design schools in the world ; tabard templier en laine; comment lire un compteur d'eau diehl; quelles sont les 4 riviĂšres navigables de la sarthe. dĂ©charge Ă©lectrique ventre dĂ©but grossesse quelles sont les 4 6OcPawv. Le Mans – Le programme d’animations pour l’étĂ© 10 juin 2022 Grand Ouest, SartheC’est les vacances d’étĂ© ! Nous vous proposons de venir en famille ou avec vos amis pour expĂ©rimenter, apprendre et manipuler tout en s’amusant au cours de ces vacances ! La Science en bas de chez toi Comme chaque annĂ©e, nos animateurs-rices... onrecrute un animateur-trice mĂ©diateur-trice scientifique en CDD Ă  Le Mans/Laval 10 juin 2022 Mayenne, Offre d'emploi, Sarthe– Offre d’emploi – L’association des petits dĂ©brouillards Grand Ouest » recrute, pour son antenne Sarthe / Mayenne 1 CDD Ă  temps partiel d’animateur-trice mĂ©diateur-trice scientifique TĂ©lĂ©charger l’offre Le mouvement associatif des petits... Le Mans – Retour sur le Passeport DĂ©veloppement Durable 2022 10 mai 2022 Grand Ouest, SartheDe mars Ă  mai, l’équipe des Petits DĂ©brouillards du Mans a proposĂ© dans les Ă©coles primaires et les Ă©coles maternelles d’Alençon des animations autour du dĂ©veloppement durable. Au programme dĂ©couvrir les diffĂ©rents types d’énergies ; Ă©nergie... Le Mans – Retour sur le village des sciences 2021 14 octobre 2021 Grand Ouest, SartheCe week-end du 9 et 10 octobre notre Ă©quipe est intervenue Ă  l’Abbaye de l’Epau au Village des sciences dans le cadre de la FĂȘte de la science. Nous avons proposĂ© des animations sur le thĂšme de la palĂ©ontologie et de l’archĂ©ologie en voyageant Ă ... Nuit EuropĂ©enne des – Antenne Sarthe 11 octobre 2021 Grand Ouest, SartheLe vendredi 24 septembre, Les Petits DĂ©brouillards ont participĂ© Ă  la 12Ăš Ă©dition mancelle de la Nuit EuropĂ©enne des InitiĂ©e par la commission europĂ©enne et coordonnĂ©e par Le Mans UniversitĂ©, cet Ă©vĂšnement s’est dĂ©roulĂ© dans plus de 300 villes... [Le Mans] Guide des activitĂ©s 21 septembre 2021 Grand Ouest, Mayenne, Sarthe C’est la rentrĂ©e et voici notre guide d’activitĂ© de ce dĂ©but d’annĂ©e scolaire. On a prĂ©parĂ© une multitude d’actions et d’activitĂ©s pour cette rentrĂ©e. Des formulaires d’inscription seront ouverts au fur et Ă  mesure. On a dĂ©jĂ  ouvert les... 2 septembre 2021 Grand Ouest, Mayenne, Sarthe Ces actions n’auraient pu ĂȘtre menĂ© sans l’aide de nos partenaires suivants Antenne Le... Le Mans, Sarthe/Mayenne. Que faisons-nous cet Ă©tĂ© ? 24 juin 2021 Grand Ouest, Mayenne, SartheVous vous demandez oĂč et quand nous retrouver cet Ă©tĂ© ? Les SCIENCES EN BAS DE CHEZ TOI SBCT Qui dit Ă©tĂ©, dit sciences en bas de chez toi. On sera prĂ©sent cet Ă©tĂ© tous les aprĂšs-midis dans la majoritĂ© des quartiers de la ville du Mans et son agglomĂ©ration. Pendant... REPORTE – Formation d’animateurs‱trices Ă  Laval – Juin 2021 ! 9 juin 2021 Grand Ouest, Mayenne, Sarthe——– ReportĂ© dates Ă  venir —— Tu as envie de dĂ©fendre les valeurs des Petits dĂ©brouillards ? De participer au dĂ©veloppement de l’esprit critique, Ă  la rĂ©alisation de projets scientifiques avec tous les publics ? Rejoins... RĂ©sumĂ©s La pĂ©riode de la guerre de Cent Ans est souvent considĂ©rĂ©e comme une pĂ©riode difficile pour l’abbaye de l’Épau, marquĂ©e par la destruction plus ou moins volontaire de l’abbaye dans les annĂ©es 1360, suivie de sa rĂ©surrection au dĂ©but du xve siĂšcle. L’objectif de cette communication est de s’intĂ©resser, au-delĂ  du bĂątiment lui-mĂȘme, au contexte Ă©conomique dans lequel s’inscrivent cette destruction et surtout cette reconstruction. A partir des sources de la pratique conservĂ©es essentiellement aux Archives dĂ©partementales de la Sarthe, il s’agira d’étudier la gestion des ressources et du patrimoine de l’abbaye, leur organisation et leur rĂŽle dans le rĂ©tablissement de l’abbaye au cours du dĂ©but du xve siĂšcle, dans un contexte politique et Ă©conomique rĂ©gional qui demeure troublĂ© jusqu’au milieu du siĂšcle et la fin de l’occupation anglaise. The Hundred Years' War has been presented as a period of difficulties for Épau Abbey, from the mysterious destruction of its buildings in 1365 to its complete resurrection in the middle of the fifteenth century. This paper proposes to place this destruction in the economic and social context of this period. Using the documents and archives of the Abbey now kept in the Archives dĂ©partementales de la Sarthe, this paper analyses the management of the Abbey’s income and estates, its organisation and the role this management played in the restoration of the Abbey in a particularly difficult political and economic context. Haut de page Texte intĂ©gral 1 Le Paige date l’évĂ©nement de 1361 Le Paige, AndrĂ© RenĂ©, Dictionnaire topographique, historiq ... 2 En tĂ©moigne un compte de dĂ©cimes, publiĂ© par Auguste Longnon. Il s’agit d’une taxe d’un vingt ... 1À l’origine de cette recherche et de cette communication, il y a une interrogation on connaĂźt l’épisode cĂ©lĂšbre et pourtant encore obscur de la destruction plus ou moins volontaire de l’abbatiale de l’Épau par les Manceaux en 1365, soucieux de ne pas offrir un point d’appui aux Anglais qui menacent la rĂ©gion ; puis de sa reconstruction Ă  la fin du xive et au dĂ©but du xve siĂšcle, dans un contexte politique et Ă©conomique pourtant difficile. Épisode curieux, car la destruction comme la reconstruction consĂ©cutive ne sont connues que par des sources indirectes. MĂȘme la date de cette destruction n’est pas connue avec certitude1, et on en est rĂ©duit Ă  des suppositions pour dater les diffĂ©rentes phases de la reconstruction de l’abbatiale. Épisode d’autant plus surprenant que si l’abbaye a connu une fondation prestigieuse, elle demeure un Ă©tablissement aux revenus modestes au regard des autres grands monastĂšres de la province, loin derriĂšre les grandes abbayes bĂ©nĂ©dictines mancelles Saint-Vincent, la Couture2. 3 Froger, Louis, L’abbaye de l’Épau du xiiie au xve siĂšcle », Revue historique et archĂ©ologiq ... 4 BarrĂšre, Jean, La PiĂ©tĂ©-Dieu de l’Épau, construction et amĂ©nagement d’une abbaye cister ... 5 Bernier, Jean-Yves, L’Épau une abbaye cistercienne, Paris, J. Delmas, 1988 ; BrĂ©au, Jules, L’ ... 2Devant cette pĂ©nurie de sources, j’ai fait le choix d’une approche Ă©conomique Ă©tudier l’organisation des domaines et les ressources d’une institution monastique majeure, leur importance, leur Ă©ventuelle rĂ©organisation et leur influence dans la reconstruction Ă  la fois des bĂątiments et de l’institution, dans une pĂ©riode qui couvre la seconde moitiĂ© du xive et le xve siĂšcle. MalgrĂ© sa cĂ©lĂ©britĂ©, l’abbaye de l’Épau n’a pas fait l’objet de travaux rĂ©cents les articles de Froger, Ricordeau et Ledru restent prĂ©cieux3, mais datent de la fin du xixe siĂšcle. L’étude de Jean BarrĂšre4 date dĂ©sormais de 1968 et reste une Ă©tude d’histoire de l’art s’intĂ©ressant davantage aux bĂątiments et Ă  l’évolution des formes qu’à l’histoire de l’établissement. Les quelques parutions destinĂ©es au grand public Ă©ditĂ©es Ă  la fin du xxe siĂšcle5 ne font que reprendre les grandes lignes de cette historiographie sans rien apporter de nouveau, de sorte que le champ d’étude paraĂźt encore largement en friche. 6 Arch. dĂ©p. Sarthe, Fonds de l’abbaye de l’Épau, H 833 Ă  H 925 inventaire en ligne sur le sit ... 7 BibliothĂšque nationale de France, ms. occ., collection GaigniĂšres, n° 205, Cartulaire de l’ab ... 8 Lottin, RenĂ©-Jean-François, abbĂ© Ă©d., Chartularium insignis Ecclesiae Cenomanensis, quod dicitur ... 3La documentation mobilisĂ©e est d’abord celle conservĂ©e aux Archives DĂ©partementales de la Sarthe6. Les manuscrits de la BibliothĂšque nationale de France7, et les fonds complĂ©mentaires de l’évĂȘchĂ© et du chapitre, ainsi que les cartulaires des grandes abbayes mancelles n’ont apportĂ© que des complĂ©ments Ă©pars8. L’Épau est une abbaye discrĂšte on recense 260 documents environ pour la pĂ©riode qui va de sa fondation en 1229 Ă  1480, date de l’instauration de la commende dans l’abbaye, et date terminale choisie pour le prĂ©sent dĂ©pouillement. Cette documentation est composĂ©e essentiellement d’actes de la pratique transactions, donations, baux. Soit une documentation maigre et aride, mais finalement rĂ©vĂ©latrice des pratiques de gestion de cette abbaye cistercienne tout au long des xive et xve siĂšcles. RĂ©partition chronologique de la documentation 4Cette documentation n’est pas rĂ©partie de façon homogĂšne, comme le prĂ©sente la figure 1. 9 Les donnĂ©es reprĂ©sentĂ©es rassemblent tous les actes conservĂ©s par l’abbaye de l’Épau et ceu ... Figure 1 – RĂ©partition chronologique des actes conservĂ©s pour l’abbaye de l’Épau, 1229-14799 10 Cette moyenne haute est accentuĂ©e par l’importance de la premiĂšre dĂ©cennie ; si on en fait ... 5Cette reprĂ©sentation laisse transparaĂźtre tout d’abord l’importance toute particuliĂšre de la dĂ©cennie 1229-1239. C’est la pĂ©riode de la crĂ©ation du domaine ; elle comprend de nombreux tĂ©moignages des acquisitions effectuĂ©es par la reine BĂ©rengĂšre en vue de la constitution du patrimoine initial de l’Épau. On constate ensuite un important hiatus de vingt ans sans aucun acte conservĂ© 1345-1365 dans la documentation, en partie masquĂ©e par la reprĂ©sentation graphique, indiquant une premiĂšre rupture dans le rythme de constitution des fonds. La premiĂšre pĂ©riode 1229-1340 rassemble 189 actes, soit une moyenne d’un peu plus de dix-sept actes par dĂ©cennies 17,1810. La seconde 1370-1480 compte 70 actes seulement, soit une moyenne d’un peu plus de six actes par dĂ©cennie 6,36. Le rythme est nettement moins intense, mĂȘme en faisant abstraction de la dĂ©cennie 1230, particuliĂšrement fournie. Entre les deux se trouve une pĂ©riode de trente ans 1340-1370, oĂč l’on compte seulement six actes. On peut encore noter la prĂ©sence d’un second hiatus des annĂ©es 1410 aux annĂ©es 1440, avec quatre actes conservĂ©s seulement, et aucun pour la pĂ©riode comprise entre 1414 et 1432. 6Cette chronologie est finalement sans grande surprise. La rĂ©partition rĂ©vĂšle les diffĂ©rentes phases de la vie de l’abbaye, en lien avec les rĂ©percussions politiques et Ă©conomiques locales et rĂ©gionales. Se dessinent en particulier trĂšs nettement les deux pĂ©riodes les plus difficiles de cette fin du Moyen Âge, oĂč se conjuguent les Ă©pidĂ©mies de peste et les dĂ©buts de la guerre de Cent Ans pour la premiĂšre, la reprise de la guerre et l’occupation anglaise du Maine pour la seconde. Chacune de ces pĂ©riodes est suivie d’un phĂ©nomĂšne de rattrapage. Assez net dans les annĂ©es 1370, il ne dure guĂšre et est suivi d’une longue pĂ©riode atone, avec un nouveau creux trĂšs marquĂ© dans les annĂ©es 1420-1440. 7Cette rupture dans la rĂ©partition chronologique des documents conservĂ©s s’accompagne d’une Ă©volution trĂšs nette de leur nature de part et d’autre de la coupure dĂ©jĂ  mentionnĂ©e dans les annĂ©es 1340-1350. Tableau 1 – RĂ©partition typologique des actes conservĂ©s par pĂ©riode Donations Achats Actes divers Ă©changes, accords, confirmations Baux Transactions entre particuliers Total 1229-1349 43 46 41 4 57 191 22,5 % 24,1 % 21,5 % 2,1 % 29,8 % 100 % 1360-1479 8 3 11 44 7 73 10,9 % 4,1 % 15,1 % 60,3 % 9,6 % 100 % 11 C’est notamment le cas des sĂ©ries H 833 et 111 AC 938 Ă  940 aux Archives dĂ©partementales de ... 8La rĂ©partition de la documentation par type d’actes reste assez Ă©quilibrĂ©e pour la premiĂšre pĂ©riode, oĂč prĂ©dominent Ă  parts Ă©gales achats, donations et actes divers, qui reprĂ©sentent les deux tiers de la documentation. On constate une trĂšs grande raretĂ© des baux 2 % et une prĂ©sence importante des transactions entre particuliers 29,8 %, soit prĂšs d’un tiers, catĂ©gorie la plus nombreuse. Cette premiĂšre phase est trĂšs clairement celle de la constitution d’un patrimoine. La trĂšs forte proportion de transactions entre particuliers provient du fait que l’abbaye intĂšgre dans ses archives, en mĂȘme temps que certains biens, des documents anciens concernant ces biens nouvellement acquis, tĂ©moignant d’une volontĂ© d’établir une traçabilitĂ© » des droits de propriĂ©tĂ©, de maniĂšre Ă  couper court Ă  toute contestation Ă©ventuelle. Les archives conservent notamment la trace de toutes les transactions de la reine en vue d’acquĂ©rir des domaines cĂ©dĂ©s au monastĂšre lors de sa fondation11. C’est ce qui explique que les archives de l’abbaye, fondĂ©e en 1230, renferment des actes remontant Ă  1213, qui n’ont pas Ă©tĂ© comptabilisĂ©s ici. 12 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 833. 13 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 845. 9L’importance de la documentation du xiiie siĂšcle s’explique donc en partie par cette pĂ©riode de fondation initiĂ©e par la reine BĂ©rengĂšre en 1229-1230, et qui se poursuit sur prĂšs d’un siĂšcle. Bien qu’obĂ©issant Ă  la rĂšgle cistercienne, l’abbaye de l’Épau est une fondation plutĂŽt tardive au regard de l’expansion de l’ordre. Elle prend place dans une rĂ©gion dĂ©jĂ  trĂšs anthropisĂ©e, Ă  proximitĂ© immĂ©diate de la ville du Mans et de la route qui relie la ville Ă  la mĂ©tropole de Tours. Ces caractĂ©ristiques pĂšsent sur la constitution initiale du domaine dĂšs le moment de sa fondation, le patrimoine de l’abbaye de l’Épau s’organise dans le cadre d’une Ă©conomie seigneuriale constituĂ©e. Il est composĂ© de terres dĂ©jĂ  cultivĂ©es, sur lesquelles pĂšsent des cens et des contraintes seigneuriales. DĂšs sa fondation, l’abbaye s’insĂšre donc dans le maillage dense des rĂ©seaux seigneuriaux. Dans les biens de la dotation initiale cĂ©dĂ©s par BerengĂšre se trouvent par exemple diffĂ©rentes terres et rentes appartenant Ă  Richard de Noers, de qui les religieux tiendront les terres, et sur lesquelles pĂšse un cens annuel de 16 deniers manceaux12. Un peu plus tard en 1290, pour les biens que l’abbaye de l’Épau avait reçus en donation de Simon de Perrehot et qui relĂšvent de la seigneurie d’Hugues, seigneur de la FertĂ©-Bernard, les religieux de l’Épau reconnaissent devoir rendre foi et hommage de ces biens au seigneur de la FertĂ© et qu’ils devront une paire d’éperons dorĂ©s de service Ă  toute mutation de leur homme vivant et mourant » ; ils versent en sus une indemnitĂ© de 120 livres tournois13. 14 Dans la dotation initiale, BĂ©rengĂšre cĂšde aux religieux les deux tiers de la grande dĂźme de ... 15 Tenebuntur insuper dicti capientes facere suis expensis les plesses garene dicti loci quo ... 16 Haies tressĂ©es. 10À la suite de la dotation initiale vient une sĂ©rie d’achats, acquisitions et donations diverses portant sur des dĂźmes, des cens, des biens mĂ©tairies, tĂšnements, vignes, rentes en vin, 1230-1250. Cette seconde phase est celle de la consolidation et de l’organisation du temporel monastique. Celui-ci ne laisse guĂšre transparaĂźtre de caractĂ©ristiques authentiquement cisterciennes. Le modĂšle Ă©conomique est celui d’une Ă©conomie de rentier du sol, oĂč les rentes en argent, cens et rentes diverses, dominent trĂšs largement. On ne retrouve aucune trace de faire-valoir direct ou de biens qui pourraient faire penser Ă  des granges d’exploitation. Les modes de gestion de l’abbaye de l’Épau correspondent en tout point Ă  ceux de toutes les seigneuries ecclĂ©siastiques, en particulier des grands Ă©tablissements bĂ©nĂ©dictins. Il est d’ailleurs remarquable que la dotation initiale de l’Épau comporte dĂšs l’origine des dĂźmes, acquises auparavant par la reine BĂ©rengĂšre et cĂ©dĂ©es ensuite Ă  l’Épau14. Dans un registre similaire, on peut noter aussi l’exercice du droit de chasse que les moines de l’Épau n’hĂ©sitent guĂšre Ă  se rĂ©server, mentions certes tardives mais toujours surprenantes pour des religieux, qui plus est cisterciens. Ainsi en 1451, dans l’affermage de la mĂ©tairie du Petit-Boutry, paroisse de BoĂ«ssĂ©-le-Sec les preneurs s’engagent Ă  entretenir et rĂ©parer Ă  leurs frais les plesses de la garenne du lieu quand il sera besoin, garenne dans laquelle les religieux de l’Épau ainsi que les preneurs pourront chasser quand ils le jugeront opportun15. Mention similaire en 1444, pour la mĂ©tairie de la Verrerie ; les preneurs devront entretenir les plesses16 de la garenne, dont les religieux se rĂ©servent l’usage et le droit de chasser 17 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 872. et seront tenuz lesdits preneurs fere ou ferefere les tailles et plesses en la garenne anxienne dudit lieu de la Verrerie, laquelle garenne demeure ausdits preneurs comme les choses dessusdites en faisant ceste presente prinse le temps desdites trois vies ; en laquelle lesdits religieux et couvent de la PitiĂ© Dieu et leurs successeurs pourront ledit temps durant, pour eulx et leurs serviteurs ou aultres gens quilz verront bon estre estans en leur compaignie, chasser, tendre et thesurer fillez et autrement, ainsi quil leur plaira, sans contredit ne empeschement desdits preneurs ne de leurs ayant cause, et du deduit prins en ladite garenne fere et disposer a leur bon plaisir et vollentĂ© et joir »17. Gestion et rĂ©organisation du patrimoine, 1365-1480 18 La tentation est grande d’établir un lien entre cette somme et l’autorisation d ... 19 AndrĂ© Bouton signale que la pĂ©riode 1356-1370 est des plus difficiles pour le Maine alo ... 11Cette documentation connaĂźt une remarquable mutation Ă  partir de 1365. La rĂ©duction du volume dĂ©jĂ  constatĂ©e s’accompagne d’une modification considĂ©rable de la nature de la documentation conservĂ©e cf. fig. 2. La part des transactions entre particuliers connaĂźt une trĂšs forte rĂ©gression, due notamment au fait que la phase de constitution du patrimoine, et donc d’acquisition des archives particuliĂšres, est terminĂ©e. Le patrimoine est dĂ©sormais constituĂ©, et ne s’accroĂźt plus guĂšre, comme en tĂ©moigne l’effondrement du nombre et de la proportion des achats et des donations. Il est cependant remarquable que l’abbaye rĂ©alise la plus grosse acquisition de son histoire en 1365, lorsqu’elle achĂšte les deux tiers par indivis de la seigneurie de Montreuil sur Sarthe de Fouques Riboule, chevalier, sire d’AssĂ© le Riboul et AgnĂšs de Beaumont sa mĂšre, veuve de Fouques Riboule. La somme versĂ©e, 710 livres tournois, est Ă©norme, sans commune mesure avec les sommes versĂ©es habituellement, sans que l’on sache exactement d’oĂč proviennent les fonds18, et alors que l’opĂ©ration est rĂ©alisĂ©e dans une pĂ©riode pourtant peu propice Ă  ce genre de transaction19. 20 On ne peut Ă©carter l’hypothĂšse que la part du fermage dans la pĂ©riode prĂ©cĂ©dente puisse ĂȘ ... 21 Bail de neuf ans, en 1400, pour le moulin de la Forge Ă  Saint-Denis-des-Coudrais, rĂ©affer ... 12Le fait majeur de cette mutation documentaire est la progression spectaculaire des baux ils reprĂ©sentaient 2 % de la documentation avant 1345, contre 60 % aprĂšs 1370. S’affirme ici une tendance trĂšs nette, valable pour toute cette longue pĂ©riode 1370-1480 le patrimoine est massivement affermĂ© ou rĂ©affermĂ©. On lit ici le signe d’une phase d’intense rĂ©organisation du domaine, ce que confirme la part des transactions diverses prĂšs de 10 %, dont les Ă©changes constituent la majeure partie. Il s’agit donc non seulement d’une remise en ordre, mais d’une rĂ©organisation de la gestion du domaine, avec une conversion massive au fermage, qui semble concerner l’intĂ©gralitĂ© du domaine20. Cette phase de reconstruction et de rĂ©organisation du domaine passe par une gĂ©nĂ©ralisation des baux Ă  une, deux ou trois vies, qui deviennent les plus frĂ©quents ils reprĂ©sentent 42 des 44 baux recensĂ©s passĂ©s par l’Épau, soit prĂšs de 95 % des baux. Par comparaison, on ne retrouve que deux baux Ă  terme, tous deux de neuf ans et passĂ©s dans les annĂ©es 140021. 13La rĂ©partition chronologique des baux Ă  vie laisse apparaĂźtre deux grandes pĂ©riodes qui concentrent l’essentiel des baux 22 sur 44, toutes deux consĂ©cutives Ă  deux Ă©pisodes violents un premier dans les annĂ©es 1370, aprĂšs la peste et les dĂ©buts de la guerre de Cent Ans, et un second qui dĂ©marre dans les annĂ©es 1440, consĂ©cutif Ă  l’occupation anglaise du Maine fig. 2. Figure 2 – RĂ©partition chronologique des baux Ă  vie 22 Le Petit Boutery lequel bordage est pour la plupart en boys, hays et buissons ... 23 Un estre, sicomme il se poursuit, avec les courtilz, terres, mesons et autres choses qu ... 24 Sic. Est habituellement indiquĂ© le nombre de fermes de la charpente une grange bonne e ... 25 Ainsi dit et accordĂ© que si Guillaume Thebaut, fils dudit Jehan Thebaut, advoue aucun d ... 14Cette rĂ©partition spĂ©cifique s’explique largement par le contexte de reconstruction, phĂ©nomĂšne classique de rattrapage aprĂšs des Ă©pisodes troublĂ©s. La frĂ©quence des rĂ©affermages rĂ©vĂšle les difficultĂ©s de la pĂ©riode ; d’oĂč un turn-over parfois important sur les terres. C’est le cas du bordage du Petit-Boutry paroisse de BoĂ«ssĂ©-le-Sec, baillĂ© en 1451 pour 60 sous et six poulets par an, augmentĂ© de douze journaux de terre arable. L’opĂ©ration n’a pas Ă©tĂ© fructueuse, car le bordage, dont la superficie est estimĂ©e Ă  quinze journaux de terre, est en friche lorsqu’il est Ă  nouveau baillĂ© vingt ans plus tard en 1471 pour 20 sous seulement22. Autre exemple en 1408 les religieux de l’Épau baillent Ă  vie Ă  Jean Thebaut, sa femme et leurs trois enfants un estre » et ses dĂ©pendances23, situĂ© entre les chemins de Pontlieue Ă  Mulsannes et Ă  Arnage pour quarante sous tournois de rente annuelle, Ă  condition de faire bĂątir une maison bonne et compĂ©tente. En 1446, le mĂȘme domaine est de nouveau affermĂ© par les religieux Ă  Raoulet Hamelin et Alice sa femme et leurs enfants pour la mĂȘme rente annuelle. Les preneurs sont tenus de faire fere une maisons bonnes et compĂ©tentes ou lieu ou anciennement estoit le habergement dudit lieu sur six estaiches24, dedens deux ans prochainement venans ». Quarante ans plus tard, la maison n’a visiblement pas Ă©tĂ© construite, ou a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©truite. Les prĂ©cautions dont s’entourent les religieux vis-Ă -vis de tenanciers prĂ©cĂ©dents rĂ©vĂšlent qu’ils ne semblent pas bien savoir ce qu’ils sont devenus. Une clause indique que seul l’un des enfants du prĂ©cĂ©dent preneur, Guillaume, est susceptible d’avoir survĂ©cu. Mais, dĂ©faillance des archives ou mĂ©connaissance de son devenir, il devra en cas de retour prouver son bon droit, et pourra dĂšs lors jouir de la maison sans que l’on ne puisse rien reprocher aux religieux ; il devra cependant dĂ©dommager les preneurs du coĂ»t de la maison, et ceux-ci pourront en jouir alors Ă  la mort dudit Guillaume25. 26 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 872. 27 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 888. 15Les difficultĂ©s des temps se lisent dans la frĂ©quence des clauses obligeant les preneurs Ă  construire ou reconstruire une habitation sur les terres prises Ă  bail, Ă  l’image des exemples prĂ©cĂ©demment citĂ©s. Cette clause de construction/reconstruction est reprise dans dix actes diffĂ©rents, soit prĂšs du quart des baux concernĂ©s. Ces clauses signalent des biens vacants et/ou en dĂ©shĂ©rence, ou la constitution de nouvelles exploitations Ă  partir de parcelles de terre. La plupart du temps, cette obligation s’accompagne d’un dĂ©lai pour la reconstruction, qui peut varier d’une Ă  neuf annĂ©es, et parfois d’une remise de rente pour les premiĂšres annĂ©es. La mĂ©tairie de la Verrerie paroisse de CherrĂ© est affermĂ©e en 1444 contre une rente de 10 livres annuelles, rĂ©duites Ă  100 sous pendant les six premiĂšres annĂ©es, dĂ©lai fixĂ© pour construire une grange bonne et suffisante de trois fermes avecques une croupe au bout dicelles26 ». Clauses similaires pour l’affermage en 1451 de la mĂ©tairie de la JeudiĂšre paroisse de PrĂ©velles oĂč la rente, fixĂ©e Ă  25 sous tournois, est rĂ©duite Ă  20 sous pour les huit premiĂšres annĂ©es en Ă©change de l’obligation de faire ou fere faire construire et ediffier et a leurs depens dedens huit ans prochainement venans sur ledit bordage une bonne et competente maison de six estaiches le plus convenable quils pourront27 ». 16Autre signe de la dĂ©sorganisation des terroirs, la frĂ©quence des mentions de terres en friche ou partiellement abandonnĂ©es tend Ă  indiquer des terres vacantes. À sept reprises, les baux mentionnent des terres en gast », ce qui signifie qu’elles n’ont pas Ă©tĂ© cultivĂ©es depuis plusieurs annĂ©es. Cinq de ces sept transactions portent d’ailleurs sur des vignes, plus rapidement abandonnĂ©es que les emblavures. Les occurrences sont groupĂ©es dans le temps trois dans les annĂ©es 1370 1376 et deux fois en 1379, quatre dans les annĂ©es 1450 deux fois en 1451, 1452, 1457, soulignant les pĂ©riodes les plus troublĂ©es et la remise en ordre qui leur est consĂ©cutive. 28 Si la chronologie diffĂšre ici en raison d’un contexte local spĂ©cifique, l’abbaye de l’Épa ... 29 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 916. 17L’importance des affermages et rĂ©affermages et le fait que ces terres trouvent preneur, y compris Ă  des conditions relativement dures, constituent cependant le signe d’une reprise ou tout au moins d’une nette volontĂ© de reconstruction et de reprise en main du patrimoine par les moines de l’Épau. Cette rĂ©organisation de la gestion du domaine par les moines est aussi une rĂ©organisation des terroirs28. La nature des biens baillĂ©s aprĂšs 1365 vient renforcer cette prĂ©somption Ă  25 reprises sur 44 sont baillĂ©es des exploitations entiĂšres bordage, mĂ©tairie, estre/aistre, place ou lieu, soit 56, 8 % des baux. À 17 reprises, il s’agit de parcelles ou groupes de parcelles 38,6 % des baux. Se dessine donc un paysage oĂč les exploitations tendent Ă  ĂȘtre affermĂ©es en un seul bloc ; plus rares comparativement sont les mises Ă  bail de parcelles isolĂ©es. L’affermage peut aussi ĂȘtre l’occasion de constituer des exploitations nouvelles, en rassemblant des parcelles autrefois distinctes. On lit bien alors le processus de recomposition du temporel monastique, qui privilĂ©gie trĂšs nettement des exploitations entiĂšres, affermĂ©es Ă  des tenanciers sur le modĂšle du bail Ă  vie. C’est le cas par exemple de la mĂ©tairie de la Verrerie, dĂ©jĂ  citĂ©e. Le 25 juillet 1390, Guillaume Lesgret et Guillemette sa femme, de la paroisse de CherrĂ©, abandonnent aux moines de l’Épau les deux mĂ©tairies de Quinedort et de la ChauffardiĂšre, qu’ils tenaient d’eux et renoncent Ă  tout droit sur ces biens, en contrepartie de la remise du montant de leurs arrĂ©rages s’élevant Ă  80 livres tournois et de l’extinction de la rente de 9 livres qu’ils leur devaient pour ces deux mĂ©tairies. Le 25 septembre de la mĂȘme annĂ©e, les religieux baillent Ă  ferme aux mĂȘmes Guillaume Lesgret et Guillemette sa femme, et un de leurs enfans nĂ© et procrĂ©es en mariage deulx et pour le plus vivant deulx trois » les deux mĂȘmes mĂ©tairies, pour la rente et ferme de 10 livres tournois annuelles, en sus des droits seigneuriaux. En 1444, les religieux baillent Ă  ferme Ă  Micheau Bruneau et Guillemette sa femme, demorant en la paroisse de Villaines la Gonays [
] la mestairie domaines et appartenances de la Champfardiere et Quinedort qui enciennement soulloit estre en deux mestairies et depuis est en une et appellĂ©e la Verrerie », contre une rente annuelle de 10 livres tournois. En 1476 enfin, la mĂȘme mĂ©tairie, qualifiĂ©e de domaine de la Verrerye », est Ă  nouveau affermĂ©e Ă  Jehan Bruneau, qui n’est autre que le fils du prĂ©cĂ©dent preneur, et Marion sa femme. La ferme s’élĂšve dĂ©sormais Ă  15 livres tournois et une douzaine de fromages telz que on les fera sur les lieux ». Cette somme est rĂ©duite Ă  10 livres et douze fromages tant que Michau Bruneau sera encore en vie29. Autre exemple avec le lieu » dit de Bordebeure ou Bordebure paroisse d’YvrĂ©-l’ÉvĂȘque. En 1470, sont affermĂ©es Ă  deux couples d’YvrĂ©-l’ÉvĂȘque trois parcelles distinctes mais voisines, si on suit les confronts, l’une contenant quinze journaux de terre arable, une autre un journal, la derniĂšre trois journaux, dĂ©tenues par des particuliers sur le fief de l’Épau. La rente est alors fixĂ©e Ă  55 sous. Six ans plus tard, la veuve de l’un des deux preneurs, ainsi que son nouveau mari, afferment pour 60 sous Ă  Jean LefĂšvre et sa femme la moictiĂ© par indivis du lieu et appartenance de Bordebure tel droit comme ledit Micheau et sadite feme acause dicelle peulst avoir oudit lieu », Ă  charge pour eux de construire une maison sur le bien. Finalement, les terres qualifiĂ©es alors de bordage » sont revendues en 1485 par le mĂȘme Jean LefĂšvre aux religieux de l’Épau pour 17 livres tournois. 30 Un bail Ă  vie est mentionnĂ© dĂšs 1234 dans les archives du chapitre cathĂ©dral A ... 31 Latouche, Robert, L'exploitation agricole dans le Maine du xiiie au xvie siĂšcle », Anna ... 32 L’abbaye cistercienne de Buzay, dans le diocĂšse de Nantes, procĂšde aussi Ă  une conversion ... 33 Deck, Suzanne, Le temporel de l'abbaye cistercienne de Beaubec », Annales de Normandie, ... 18Cette prĂ©dominance du bail Ă  vie n’est ni une innovation ni une spĂ©cificitĂ© des moines de l’Épau. Il s’agit davantage de la rĂ©activation et de l’intensification d’une pratique plus ancienne que d’une nouveautĂ©. Sans ĂȘtre frĂ©quents, ils sont attestĂ©s dans le Maine dĂšs le xiiie siĂšcle30. Ce type de bail connaĂźt en revanche un succĂšs remarquable dans le Maine Ă  partir du xive siĂšcle, jusqu’à devenir au xve siĂšcle la forme prĂ©dominante de concession de la terre31. La gĂ©nĂ©ralisation du bail Ă  vie peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une forme locale de la reprise en main de la terre et des hommes qui la travaillent par les seigneurs manceaux ; et sur ce point, l’Épau ne dĂ©roge pas Ă  la rĂšgle. Si la conversion au fermage est assez gĂ©nĂ©rale dans les temporels monastiques de l’ouest Ă  cette Ă©poque32, le type de bail trahit cependant des modes de gestion seigneuriaux diffĂ©rents. L’abbaye normande de Beaubec transforme ainsi progressivement ses granges en manoirs baillĂ©s Ă  ferme au cours du xive siĂšcle. MalgrĂ© la prĂ©sence de quelques baux Ă  vie, l’établissement prĂ©fĂšre nettement les baux Ă  terme de neuf ans, en un choix dĂ©libĂ©rĂ© de privilĂ©gier les rentes sur l’attache Ă  la terre33. 34 Exemple en 1375 une piĂšce » de terre appelĂ©e Jublans », situĂ©e Ă  Rouillon, est affe ... 35 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 876. 19Le bail Ă  vie fait au contraire peser de fortes contraintes sur les paysans, qui diffĂšrent considĂ©rablement de celles imposĂ©es par la tenure Ă  cens. Si en apparence il s’apparente Ă  des baux emphytĂ©otiques, la nature du bail interdit toute possibilitĂ© d’aliĂ©nation de la terre. De plus, la mention presque systĂ©matique de la clause de dĂ©faillance, entraĂźnant la saisie des biens en cas de non-paiement de la rente pendant trois annĂ©es consĂ©cutives sans recours Ă  une procĂ©dure judiciaire, place le preneur dans une situation contraignante. Le long terme et l’association frĂ©quente des conjoints et enfants qui lient ceux-ci Ă  la terre baux Ă  deux ou trois vies assurent au preneur une visibilitĂ© et une sĂ©curitĂ© Ă  long terme. Mais le bail entraĂźne aussi une forme d’attachement contraignant Ă  la terre, qui vaut sur plusieurs gĂ©nĂ©rations ; attachement sĂ©lectif cependant, puisque les clauses du bail Ă  trois vies entraĂźnent une exclusion partielle des enfants de l’hĂ©ritage, un seul des hĂ©ritiers, parfois nommĂ©ment citĂ©, Ă©tant autorisĂ© Ă  reprendre l’exploitation34. L’hĂ©ritier et successeur est parfois obligĂ© de dĂ©sintĂ©resser ses frĂšres et sƓurs ainsi en 1476, lors de l’affermage de la mĂ©tairie de la RichardiĂšre, le nouveau preneur, pourtant fils du prĂ©cĂ©dent, s’engage Ă  dĂ©sintĂ©resser ses frĂšres et sƓurs du bien de maniĂšre Ă  pouvoir seul assumer la reprise du bail Et a promis ledit preneur faire renoncer a Perrin Jourdan et autres ses cohĂ©ritiers [
] au droit quil pourroit avoir poursuir demander et obtenir en ladite mettairie a cause du pĂšre dudit preneur ou autrement35. » C’est d’ailleurs sans doute la cause du nouvel affermage le preneur est un des fils du preneur initial, dont on s’attendrait Ă  ce qu’il puisse succĂ©der Ă  son pĂšre en tant que troisiĂšme vie ». Les religieux prĂ©fĂšrent cependant passer un nouveau contrat, sans doute pour couper court Ă  toute forme de contestation de la part des autres frĂšres et sƓurs. 36 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 880. Le terme d’ estagier » fait ici rĂ©fĂ©rence aux exploitants des ... 37 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 902. 38 Solvendo dicto Thome de Hireis domino feodali dictarum rerum quinque denarium turonensiu ... 39 L’affermage dĂ©jĂ  citĂ© du lieu de Bordebeure, paroisse d’YvrĂ©-l’ÉvĂȘque, met en relation de ... 40 Autre exemple en 1451 dans l’affermage d’un prĂ© de deux hommĂ©es, les preneurs sont tenu ... 20La prise de bail s’accompagne d’une augmentation trĂšs nette des revenus de la terre, la ferme s’ajoutant gĂ©nĂ©ralement au cens initial ; et la diffĂ©rence de montants entre les deux peut parfois ĂȘtre sans commune mesure. Ainsi dans l’affermage en 1410 d’une mĂ©tairie Ă  Montreuil-sur-Sarthe Ă  Michel Vincent et MacĂ©e sa femme, la rente s’élĂšve Ă  15 sous tournois, en sus du cens de deux deniers. La rente est ici Ă©quivalente Ă  90 fois le montant du cens, auquel s’ajoutent encore deux poulailles » et les corvĂ©es telles comme les autres estagiers estoient tenuz et ont accoustume fere36 ». En 1474, les religieux afferment Ă  Jean Petit et Gervaise sa femme le lieu des Morterons paroisse de Neuville-sur-Sarthe, pour une ferme s’élevant Ă  45 sous et deux chapons de rente annuelle, qui s’ajoutent au cens de six deniers ; le rapport est lĂ  encore de 1 Ă  90. Ce rapport n’est cependant pas constant en 1451, pour l’affermage de huit journaux de vigne, certes en gast pour l’heure », situĂ©s au clos de Mezangeaux paroisse de SillĂ©-le-Philippe, Ă  Robin DorĂ©, paroissien du lieu, la rente s’élĂšve Ă  trois sous tournois, le cens Ă©tant de cinq deniers, soit un rapport de un Ă  sept37. Le cens n’est d’ailleurs pas forcĂ©ment versĂ© aux moines, traduisant l’empilement des droits de propriĂ©tĂ© sur la terre. Dans l’exemple prĂ©cĂ©dent, le cens est Ă  verser Ă  Thomas de Hire, seigneur fĂ©odal du lieu », et non aux moines qui ne dĂ©tiennent que la propriĂ©tĂ© utile du sol38. L’inverse est vrai aussi, les religieux touchant les cens des biens affermĂ©s par d’autres dans leurs seigneurie39. Sont aussi systĂ©matiquement spĂ©cifiĂ©es les obligations seigneuriales ressortant de la seigneurie territoriale dans l’affermage de 1474 prĂ©cĂ©demment citĂ©, la rente et le cens sont entendus cum omni jura feodali », les biens Ă©tant situĂ©s in feodo nostro »40. 41 Et en oultre lesdits preneurs promectent et sont tenuz ferefere et ediffier ou bout de ... 42 La mĂ©tairie est affermĂ©e tout ainsi que par devant ledit preneur et feu son p ... 21La caractĂ©ristique de ces baux est donc de permettre des redevances en argent Ă©levĂ©es, qui peuvent de plus ĂȘtre rĂ©guliĂšrement réévaluĂ©es au fur et Ă  mesure des affermages. C’est le cas avec la mĂ©tairie dĂ©jĂ  citĂ©e de la Verrerie louĂ©e en 1390 pour 10 livres tournois, puis Ă  nouveau au mĂȘme montant en 1444, elle est rĂ©affermĂ©e pour 15 livres en 1476. Ce montant est ici exceptionnel, la plupart des fermes des exploitations baillĂ©es s’élevant Ă  40 ou 50 sous tournois. Autre exemple avec la mĂ©tairie de la RichardiĂšre paroisse de la Bosse, affermĂ©e une premiĂšre fois en 1445 Ă  Julien Jourden et Benoite sa femme a la vie deulx deux et du plus vivant de leurs enffans nez et procreez en leur mariage et au plus vivant deulx trois » pour 40 sous tournois de rente annuelle. Les preneurs s’engagent Ă  construire ou faire construire une maison dans les six ans suivants sur la mĂ©tairie. Les religieux les autorisent pour cela Ă  prendre dans leurs bois le bois qu’ils leur indiqueront41. La mĂ©tairie est rĂ©affermĂ©e une trentaine d’annĂ©es plus tard, en 1476, Ă  Jehan Jourdan, fils du prĂ©cĂ©dent preneur, et Jehanne, sa femme, paroissiens de la Bosse, sans que l’on connaisse les raisons de ce rĂ©affermage42. La rente est portĂ©e cependant Ă  60 sous tournois, six fromages et deux chapons. Les preneurs s’engagent en outre Ă  fere construite et ediffier en ladite mettairie une maison bonne et competente sur six estaches dedens six ans prochainement venans ». L’obligation de reconstruction, tout comme le nouveau contrat, semblent indiquer qu’il y a eu une rupture du contrat initial, peut-ĂȘtre par abandon du bien ; d’oĂč le rĂ©affermage et la consĂ©quente augmentation du loyer. 43 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 925. 44 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 894. 45 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 885. 46 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 876. 47 Affermage d’un estrayge, maison avecques leurs appartenances [
] pour la somme de quinz ... 22Ces exploitations louĂ©es en bloc constituent l’essentiel des rentes de l’abbaye de l’Épau. La moyenne des rentes des parcelles ou groupes de parcelles affermĂ©s s’élĂšvent Ă  moins de six sous 5,8 sous tournois ; 16 des 17 baux concernĂ©s sont les plus bas loyers. À l’inverse, la moyenne des rentes des exploitations baillĂ©es entiĂšres s’élĂšve Ă  58 sous tournois, avec des diffĂ©rences qui s’échelonnent de 12 sous Ă  15 livres tournois, la mĂ©diane se situant cependant Ă  40 sous. Ces redevances se doublent parfois de redevances d’ordre symbolique chapons, poules, fromage, que l’on retrouve dans onze cas diffĂ©rents 25 sous, deux chapons et deux poules pour le bordage du Villaret en 147743 ; 30 sous et deux chapons pour le moulin de la Forge, ainsi que 10 sous, deux chapons et quatre fromages pour deux piĂšces de terre contenant respectivement huit et deux journaux, affermĂ©es en mĂȘme temps que le moulin, en 148044 ; 100 sous, deux chapons et douze boisseaux d’avoine pour la mĂ©tairie de la DenysiĂšre en 147045 ; 60 sous, six fromages et deux chapons pour la mĂ©tairie de la RichardiĂšre en 147646. Ces prestations viennent peut-ĂȘtre directement alimenter la table seigneuriale. Elles sont aussi et surtout une expression et une matĂ©rialisation de la nature seigneuriale de la domination du monastĂšre, dont la valeur symbolique l’emporte sur la valeur monĂ©taire. Toutes sont d’ailleurs portables et se paient au monastĂšre, le dĂ©placement physique venant matĂ©rialiser la soumission des tenanciers Ă  leur seigneur, dans le cadre de la seigneurie locale, domaniale, exercĂ©e par les moines sur la terre qu’ils dĂ©tiennent et concĂšdent, et qui pĂšse sur les tenures. Ce type de redevance symbolique, associĂ©e au montant de la rente annuelle, est attestĂ© pour l’Épau dĂšs 1410, associĂ© d’ailleurs Ă  des corvĂ©es47. Mais c’est seulement dans les annĂ©es 1470 qu’il devient vraiment courant on le rencontre en 1410, en 1451, en 1464, puis Ă  huit reprises entre 1471 et 1480. Il participe de la reprise en main trĂšs ferme des domaines initiĂ©e dans le Maine aprĂšs l’occupation anglaise ; et sur ce point, les religieux de l’Épau se conforment au modĂšle gĂ©nĂ©ral. ‱ 48 Lettre de Charles V autorisant que le reliquat des sommes levĂ©es pour la rançon de Jean ... 49 L’inscription sur sa pierre tombale prĂ©cise qu’il est mort le 10 mai 1444, et qu’il serai ... 50 En 1440 son prĂ©dĂ©cesseur, Jean Barbe, Ă©tait encore en vie et conduisait un procĂšs contre ... 51 BarrĂšre Louis, La PiĂ©tĂ©-Dieu de l’Épau, p. 7. 52 BarrĂšre Louis, La PiĂ©tĂ©-Dieu de l’Épau, p. 32. 53 C’est le cas par exemple de la façade occidentale de l’abbatiale quelle est la date d ... 54 Les voĂ»tes de la nef, du transept et du collatĂ©ral paraissent avoir Ă©tĂ© construites apr ... 55 Ricordeau, Auguste, L’abbaye de l’Épau ». On peut cependant remarquer que le remplage t ... 23La documentation Ă©manant de l’abbaye de l’Épau reflĂšte les alĂ©as et les difficultĂ©s de la pĂ©riode dans la rĂ©gion. Elle met trĂšs nettement en Ă©vidence deux phases. La premiĂšre, qui prend fin en 1345, est celle de la constitution du patrimoine, oĂč achats et donations dominent trĂšs nettement. Une seconde phase dĂ©bute Ă  partir de 1365, aprĂšs une lacune de vingt ans dans la documentation. C’est celle de l’adaptation et de la rĂ©organisation du patrimoine, devenues inĂ©vitables dans un contexte trĂšs perturbĂ©. L’épisode de la destruction de 1365 n’apparaĂźt pas vraiment dans les sources alors qu’on pourrait s’attendre Ă  un silence documentaire suivant cet Ă©pisode traumatique, il n’en est rien. Cette destruction ne nous est connue que par des sources indirectes et la lettre de Charles V affectant des fonds pour la reconstruction, datĂ©e du 4 novembre 136748. La tradition veut que la reconstruction se soit effectuĂ©e dans la foulĂ©e, et qu’elle ait Ă©tĂ© achevĂ©e Ă  la mort de l’abbĂ© Guillaume de Bonneville en 144449. La briĂšvetĂ© de son abbatiat et les difficultĂ©s causĂ©es par l’occupation anglaise du Maine Ă  cette pĂ©riode excluent qu’il soit l’unique promoteur de la reconstruction50. Jean BarrĂšre dans son Ă©tude sur la construction des bĂątiments fait preuve d’une grande prudence lorsqu’il date la reconstruction de l’abbatiale de la pĂ©riode comprise entre sa destruction en 1365 et la mort de l’abbĂ© Guillaume de Bonneville en 144451. Il est vrai qu’en l’état actuel de la recherche, aucun document ne peut prĂ©ciser pour l’abbatiale une chronologie de construction encore bien vague. Jean BarrĂšre lui-mĂȘme ne s’avance guĂšre, faisant remarquer que, passĂ©e la fin du xiiie siĂšcle, avancer des dates devient ensuite beaucoup plus hasardeux. Les premiĂšres annĂ©es du xive siĂšcle virent certainement une Ă©glise inachevĂ©e »52. Il ne pousse d’ailleurs pas son Ă©tude au-delĂ  de 1365, laissant finalement de cĂŽtĂ© l’épineuse question des destructions et reconstructions, se contentant de dater la grande fenĂȘtre du chƓur du dĂ©but du xve siĂšcle, sans prĂ©cision ni apporter aucune justification pour cette datation fig. 3. Il souligne la longueur de l’étalement des travaux de construction et l’état inconnu de leur avancĂ©e en 136553. Il demeure cependant prudent quant Ă  l’éventuel voĂ»tement de la nef avant 1365 et la possible reconstruction de la grande voĂ»te de la croisĂ©e du transept aprĂšs 136554. Auguste Ricordeau fait preuve de la mĂȘme prudence il se contente de noter que l’abbatiale a Ă©tĂ© reconstruite dĂšs les annĂ©es immĂ©diatement consĂ©cutives Ă  la destruction, et date la grande fenĂȘtre axiale du chƓur de la fin du xive siĂšcle, lĂ  encore sans apporter de justification convaincante55. Il fait aussi remarquer que si l’abbatiale a pu connaĂźtre vers 1365 des destructions dont l’ampleur reste inconnue, les bĂątiments claustraux n’ont pas Ă©tĂ© touchĂ©s et n’ont subi aucune retouche consĂ©cutive Ă  cet Ă©pisode. 56 Notons que dans cette pĂ©riode de la fin du xive et du dĂ©but du xve siĂšcle, l’Épau n’est p ... 24Ces incertitudes doivent inciter Ă  la plus grande circonspection. En l’absence de toute documentation permettant d’évaluer ou de relativiser l’ampleur des dĂ©gĂąts et des travaux de remise en Ă©tat, on doit se contenter de remarquer qu’entre le xive et le milieu du xve siĂšcle, l’abbaye a fait l’objet d’une campagne de travaux visant Ă  la doter d’une Ă©glise d’une monumentalitĂ© remarquable, sans que l’on sache quelles Ă©taient les sources du financement. On se bornera Ă  constater que c’est Ă  cette pĂ©riode que l’abbaye procĂšde Ă  une rĂ©organisation rigoureuse de la gestion de ses biens, avec une orientation nettement affirmĂ©e vers la rente fonciĂšre. Mais rien ne permet de dĂ©finir l’ampleur des consĂ©quences financiĂšres de cette politique, ni si celle-ci a permis de dĂ©gager les sommes considĂ©rables nĂ©cessaires Ă  l’achĂšvement d’un tel chantier56. 25Cette rĂ©organisation s’effectue autour du modĂšle d’une Ă©conomie seigneuriale de rentiers du sol, oĂč l’on ne retrouve aucune trace de faire-valoir direct ; mais on peut remarquer que c’était dĂ©jĂ  le cas avant 1365. La conversion au fermage et la constitution d’exploitations entiĂšres est la piste privilĂ©giĂ©e par les religieux de l’Épau pour favoriser la reconstruction et la reconstitution des revenus du domaine. Pour assurer les rentrĂ©es d’argent et limiter l’érosion des revenus, le monastĂšre opte pour un type trĂšs contraignant de concession de la terre, grĂące Ă  un systĂšme de baux longs relativement durs pour les preneurs, baux Ă  une, deux ou trois vies, aux fermages Ă©levĂ©s qui viennent s’ajouter aux prestations seigneuriales coutumiĂšres. La reconstruction et la rĂ©organisation du temporel s’accompagne ici d’une pĂ©joration de la condition paysanne. Les conditions de concession de la terre et de la domination seigneuriale sont dans les faits trĂšs contraignantes pour les paysans, contraints de rĂ©sider sur les terres pour espĂ©rer les transmettre et assurant ainsi aux seigneurs une continuitĂ© de la mise en valeur des terres. 26Cette reconstruction prend place dans un paysage Ă©conomique contrastĂ©. Certes la gestion du temporel de l’abbaye de l’Épau semble rigoureuse, et la pĂ©riode qui s’ouvre dans les annĂ©es 1370 est plus calme. Mais le contexte politique et Ă©conomique demeure difficile et s’aggrave particuliĂšrement dans les annĂ©es 1420-1440. Ce contexte affleure dans la documentation biens vacants, maisons dĂ©truites, terres en friches, remises de cens pour reconstruction, plusieurs indices concordent pour rĂ©vĂ©ler ce contexte difficile. L’abbaye semble cependant chercher Ă  tirer le parti le plus profitable possible de la reprise et de la reconstruction. Pour autant, le patrimoine n’évolue plus guĂšre et n’augmente pas beaucoup au regard du trĂšs faible nombre d’acquisitions, par don ou par achat. Il demeure donc difficile de mettre en rapport cette documentation avec l’histoire de l’abbaye, la destruction de 1365 et la reconstruction qui suit tout au plus peut-on dire que l’abbaye se donne les moyens de dĂ©gager des rentes, qui pourraient servir Ă  la construction. En raison de leur relative modestie, il semble tĂ©mĂ©raire de conclure qu’elles pourraient en l’état suffire Ă  mener Ă  bien un chantier dont on ignore l’ampleur exacte. Figure 3 – Abbaye de l’Épau. Chevet de l’église abbatiale Haut de page Bibliographie BarrĂšre, Jean, La PiĂ©tĂ©-Dieu de l’Épau, construction et amĂ©nagement d’une abbaye cistercienne 1230-1365, Le Mans, SociĂ©tĂ© Historique de la Province du Maine, Archives Historiques du Maine » 15, 1968. Bouton, AndrĂ©, Le Maine, histoire Ă©conomique et sociale des origines au xive siĂšcle vol 2 Le Moyen Âge, Le Mans, chez l’auteur, 1976 2e Ă©d. revue et augmentĂ©e. Cordonnier-Detrie, Paul, Saint-Aubine et la FlĂšche, les moulins de l’Épau », Revue Historique et ArchĂ©ologique du Maine, 112, 1956, p. 199-203. ––, Les abbayes du Haut-Maine, quelques tĂ©moignages », Revue Historique et ArchĂ©ologique du Maine, 127, 1971, p. 9-40. Deck, Suzanne, Le temporel de l'abbaye cistercienne de Beaubec », Annales de Normandie, 30, 1974, p. 131-156. Dufief, AndrĂ©, Les cisterciens en Bretagne aux xiie et xiiie siĂšcles, Rennes, PUR, 1997. Froger, Louis, L’abbaye de l’Épau du xiiie au xve siĂšcle », Revue Historique et ArchĂ©ologique du Maine, 34, 1893, p. 251-313. L’économie cistercienne. GĂ©ographie, mutations, du Moyen Âge aux Temps Modernes. Centre culturel de l’abbaye de Flaran. 3es JournĂ©es internationales d’histoire, 16-18 septembre 1981, Auch, ComitĂ© dĂ©partemental du tourisme du Gers, 1983. Latouche, Robert, L’exploitation agricole dans le Maine du xiiie au xvie siĂšcle », Annales de Bretagne, 51, 1944, p. 218-229. Ledru, Ambroise, RĂ©pertoire des monuments et objets anciens de la Sarthe et de la Mayenne, Le Mans, SociĂ©tĂ© Historique de la Province du Maine, Archives Historiques du Maine » 10,1911. ––, L’abbaye de l’Épau du xiiie au xve siĂšcle », La Province du Maine, 2, 1894, p. 143-145. Maillet, Laurent, L’abbaye de Champagne le temporel d’une abbaye cistercienne du Maine au Moyen Ăąge », Revue Historique et ArchĂ©ologique du Maine, 18,1998, p. 97-144. Mousnier, Mireille, L'abbaye cistercienne de Grandselve et sa place dans l'Ă©conomie et la sociĂ©tĂ© mĂ©ridionales xiie-xive siĂšcles, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2006. Pichot, Daniel, Histoire du diocĂšse du Mans du xe au xive siĂšcle », La Mayenne archĂ©ologie et histoire, 21, 1998, p. 53-92. ––, Le village Ă©clatĂ© habitat et sociĂ©tĂ© dans les campagnes de l’Ouest au Moyen Age, Rennes, PUR, 2002. Ricordeau, Auguste, L’abbaye de l’Épau du xiie au xve siĂšcle », Revue Historique et ArchĂ©ologique du Maine, 35, 1894, p. 55-91 et 134-167. Sarrazin, Jean-Luc, Les activitĂ©s d’un rassembleur de terres en Pays de Rais vers le milieu du xve siĂšcle », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 88, 2, 1981, p. 135-156. Haut de page Notes 1 Le Paige date l’évĂ©nement de 1361 Le Paige, AndrĂ© RenĂ©, Dictionnaire topographique, historique, gĂ©nĂ©alogique et bibliographique de la province et du diocĂšse du Maine, Le Mans, Toutain, 1777, t. II, p. 596, tandis que la Gallia Christiana avance la date de 1371 monasterium diruerunt anno 1371, cenomenses cives, metuentes ne praesidium fieret anglis », Gallia Christiana, XIV, 536-538, reprise par Paul Cordonnier-Detrie Cordonnier-DĂ©trie, Paul, Les abbayes du Haut-Maine, quelques tĂ©moignages », Revue historique et archĂ©ologique du Maine, cxxvii, 1971, p. 9-40. Julien-RĂ©my Pesche avance pour sa part la date de 1356/1357 Pesche, Julien-RĂ©my, Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, Mayenne, J. Floch, 1974 [1829-1842], t. 2, p. 255, note 1. La date de 1365, plus frĂ©quemment retenue, est donnĂ©e par une plaque commĂ©morative aujourd’hui perdue, commandĂ©e en 1602 par l’évĂȘque de Paris, Pierre de Gondi, abbĂ© commendataire de l’Épau, qui donne la date de 1365 pour la destruction. Cette plaque n’est connue que par la citation qu’en fait la Gallia Christiana, reprise par Piolin, LĂ©on-Paul, Histoire de l’Église du Mans, Paris, Julien Lanier, 1851-1863, t. V, p. 28-29. 2 En tĂ©moigne un compte de dĂ©cimes, publiĂ© par Auguste Longnon. Il s’agit d’une taxe d’un vingtiĂšme prĂ©levĂ©e en 1329-1332 l’abbaye de Saint-Vincent est taxĂ©e Ă  35 livres, celle de la Couture Ă  49 l 3 s 4 d, au mĂȘme niveau que l’évĂȘque 50 l. La premiĂšre abbaye cistercienne est Fontaine-Daniel 15 l, prĂ©cĂ©dant l’Épau 11 l, Champagne 9 l, Clermont 7 l et Perseigne 7 l 10 s, Bellebranche 4 l et Tironneau 5 l. Arch. Vatican., armario XXXIII, n° 10 ; publiĂ© par Longnon, Auguste, PouillĂ© de la province de Tours, Paris, Klincksieck, 1903. 3 Froger, Louis, L’abbaye de l’Épau du xiiie au xve siĂšcle », Revue historique et archĂ©ologique du Maine, 34, 1893, p. 251-313 ; Ledru, AndrĂ© L’abbaye de l’Épau du xiiie au xve siĂšcle », La Province du Maine, 2, 1894 ; Ricordeau, Auguste, L’abbaye de l’Épau du xiie au xve siĂšcle, Revue historique et archĂ©ologique du Maine, 35,1894, p. 55-91 et 134-167. 4 BarrĂšre, Jean, La PiĂ©tĂ©-Dieu de l’Épau, construction et amĂ©nagement d’une abbaye cistercienne 1230-1365, Le Mans, SociĂ©tĂ© Historique de la Province du Maine, Archives Historiques du Maine » 15, 1968. 5 Bernier, Jean-Yves, L’Épau une abbaye cistercienne, Paris, J. Delmas, 1988 ; BrĂ©au, Jules, L’abbaye de l’Épau, Rennes, Ouest-France, 1991 ; Bouton, Étienne, L’abbaye d’une reine, Le Mans, La Reinette, 1999. 6 Arch. dĂ©p. Sarthe, Fonds de l’abbaye de l’Épau, H 833 Ă  H 925 inventaire en ligne sur le site des Archives dĂ©partementales ; H 2144 ; sĂ©rie AC 111 915 Ă  941 piĂšces issues des Archives communales du Mans. Inventaire manuscrit par P. A. Anjubault, 1855. 7 BibliothĂšque nationale de France, ms. occ., collection GaigniĂšres, n° 205, Cartulaire de l’abbaye de l’Épau. 8 Lottin, RenĂ©-Jean-François, abbĂ© Ă©d., Chartularium insignis Ecclesiae Cenomanensis, quod dicitur Liber AlbusCapituli, Le Mans, E. Monnoyer, Institut des Provinces de France » 2e sĂ©rie, t. 2, 1869 ; Broussillon, Bertrand, VallĂ©e, Charles Ă©d., Cartulaire de l’évĂȘchĂ© du Mans, 936-1790, Le Mans, SociĂ©tĂ© Historique de la Province du Maine, Archives Historiques du Maine » 1, 1900 ; Broussillon, Bertrand, VallĂ©e, Charles Ă©d., Cartulaire de l’évĂȘchĂ© du Mans, 965-1786, Le Mans, SociĂ©tĂ© Historique de la Province du Maine, Archives Historiques du Maine » 9, 1908 ; Menjot d’Elbenne, Samuel, Ă©d., Cartulaire du chapitre royal de Saint-Pierre-de-la-Cour du Mans, Le Mans, SociĂ©tĂ© Historique de la Province du Maine, Archives Historiques du Maine » 4, 1907 ; Menjot d’Elbenne, Samuel, Charles, Robert Ă©d., Cartulaire de l’abbaye de Saint-Vincent du Mans ordre de saint BenoĂźt. Premier cartulaire 572-1188, Le Mans, SociĂ©tĂ© Historique et ArchĂ©ologique du Maine, 1886-1913 ; Broussillon, Bertrand, Farcy, Paul de Ă©d., Cartulaire de Saint-Victeur, au Mans, prieurĂ© de l’abbaye du Mont-Saint-Michel 994-1400, Paris, A. Picard, 1895 ; Cartulaire des abbayes de Saint-Pierre de La Couture et de Saint-Pierre de Solesmes,publiĂ© parles bĂ©nĂ©dictins de Solesmes, Le Mans, E. Monnoyer, 1881 ; ChĂ©deville, AndrĂ©, Ă©d., Liber controversiarum sancti Vincentii Cenomannensis » ou Second cartulaire de l’abbaye de Saint-Vincent du Mans, Paris, C. Klinksieck, 1968. On peut ajouter Ă  cette liste l’ouvrage de LĂ©on-Paul Piolin Histoire de l’Église du Mans, qui contient nombre de piĂšces Ă©ditĂ©es dont quelques-unes peuvent concerner l’abbaye de l’Épau. 9 Les donnĂ©es reprĂ©sentĂ©es rassemblent tous les actes conservĂ©s par l’abbaye de l’Épau et ceux concernant l’abbaye dans l’ensemble des dĂ©pouillements effectuĂ©s. 10 Cette moyenne haute est accentuĂ©e par l’importance de la premiĂšre dĂ©cennie ; si on en fait abstraction, on arrive cependant Ă  13,7 actes par dĂ©cennies, soit plus du double de celle de la pĂ©riode suivante. 11 C’est notamment le cas des sĂ©ries H 833 et 111 AC 938 Ă  940 aux Archives dĂ©partementales de la Sarthe. 12 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 833. 13 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 845. 14 Dans la dotation initiale, BĂ©rengĂšre cĂšde aux religieux les deux tiers de la grande dĂźme de Saint-Jean des-Échelles et les deux tiers de la dĂźme du vin du mĂȘme lieu, qu’elle avait achetĂ©s de Hugues Haanne et d'Herbert son fils. L’acte de la vente prĂ©cĂ©dant cette donation est conservĂ© le seigneur Hugues Haanne et Herbert, son fils, vendent, moyennant 45 sols mançais, Ă  la reine BĂ©rengĂšre, pour le nouvel Ă©tablissement cistercien qu’elle souhaite Ă©difier Ă  l’Épau ad opus novelle plantationis Cisterciensis ordinis quam ipsa modo edificat apud Spallum », les deux tiers de la grande dĂźme de la paroisse de Saint-Jean-des-Échelles en blĂ©, transport, messier et paille in blado, et tractu et messore, et paleis » et les deux tiers de la dĂźme des vignes plantĂ©es dans le ressort de ladite grande dĂźme. Hugues et Herbert concĂšdent en outre une place avec l’aire qui en dĂ©pend pour recevoir et verser les dĂźmes » quandam plateam cum area competenti ad eandem decimam reponendam et excutiendam », Arch. dĂ©p. Sarthe, H 833. 15 Tenebuntur insuper dicti capientes facere suis expensis les plesses garene dicti loci quotiens opus erit ; in qua garena nos et dicti successores nostros necnon dicti capientes poterimus licite fugare quotiens oportunum videbitur ». Arch. dĂ©p. Sarthe, H 861. 16 Haies tressĂ©es. 17 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 872. 18 La tentation est grande d’établir un lien entre cette somme et l’autorisation dĂ©livrĂ©e par Charles V d’affecter les fonds prĂ©levĂ©s pour le paiement de la rançon de Jean II le Bon Ă  la reconstruction de l’abbatiale. La date de la transaction 15 mai 1365 et celle de l’autorisation donnĂ©e par Charles V 2 mai 1367 exclut cependant tout rapprochement. 19 AndrĂ© Bouton signale que la pĂ©riode 1356-1370 est des plus difficiles pour le Maine alors que la citĂ© du Mans est rĂ©guliĂšrement mise en dĂ©fense, l’abbaye de Beaulieu est brĂ»lĂ©e par les Anglais en 1356 ; ses ruines sont rasĂ©es en 1365 pour ne pas servir d’abri aux Anglais. En mars 1365, les Anglais occupent le prieurĂ© de Grandmont, suscitant la crainte des Manceaux qui entreprennent la destruction du manoir royal du GuĂ© de Maulny, celle de l’abbaye de l’Épau et de l’église Saint-Ouen-des-FossĂ©s pour ne pas servir d’abri aux Anglais Bouton, AndrĂ©, Le Maine, histoire Ă©conomique et sociale vol 2 xive, xve, xvie siĂšcles, Le Mans, chez l’auteur, 1970, p. 14 et 23. 20 On ne peut Ă©carter l’hypothĂšse que la part du fermage dans la pĂ©riode prĂ©cĂ©dente puisse ĂȘtre sous-Ă©valuĂ©e, l’absence de baux conservĂ©s ne signifiant pas leur inexistence. Cependant la frĂ©quence des baux conservĂ©s dans la seconde pĂ©riode signifie que cet aspect de la gestion du domaine est devenu une prĂ©occupation majeure. 21 Bail de neuf ans, en 1400, pour le moulin de la Forge Ă  Saint-Denis-des-Coudrais, rĂ©affermĂ© Ă  vie en 1480 Arch. dĂ©p. Sarthe, H894 ; bail de neuf ans en 1404 pour le bordage de la JeudiĂšre Ă  PrĂ©velles Arch. dĂ©p. Sarthe, H 888. 22 Le Petit Boutery lequel bordage est pour la plupart en boys, hays et buissons contenant sil estoit nectoyĂ© et exterply sic quinze journaulz de terre ou environ ». Arch. dĂ©p. Sarthe, H 861. 23 Un estre, sicomme il se poursuit, avec les courtilz, terres, mesons et autres choses qui y sont et qui y appartiennent ». Arch. dĂ©p. Sarthe, H 916. 24 Sic. Est habituellement indiquĂ© le nombre de fermes de la charpente une grange bonne et suffisante de trois fermes avecques une croupe au bout dicelles », Arch. dĂ©p. Sarthe, H 872. 25 Ainsi dit et accordĂ© que si Guillaume Thebaut, fils dudit Jehan Thebaut, advoue aucun droit esdites choses baillĂ©es ; et quil fust trouvĂ© quil eust icceluy droit par baillĂ©e a luy ou a ses predecesseurs faites, iceulx preneurs ne pourront contraindre lesdits bailleurs au garantaige desdites choses, mais seront desdomaigez iceulx preneurs par ledit Thebaut de la edifficacion et reparacion, coustz et mises quilz avoient faictes esdictes choses ainsi quil sera trouvĂ© par raison ; et apres le deces dudit Guillaume Thebaut, lesdits preneurs, leurs enfans ou les enfans de ladicte femme, auront lesdites choses ainsi que cy dessus est contenu ». Arch. dĂ©p. Sarthe, H 916. 26 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 872. 27 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 888. 28 Si la chronologie diffĂšre ici en raison d’un contexte local spĂ©cifique, l’abbaye de l’Épau tĂ©moigne ici d’un phĂ©nomĂšne de reconstruction relativement similaire Ă  ce que Jean-Luc Sarrazin a pu mettre en Ă©vidence pour l’abbaye cistercienne de Buzay la recomposition des campagnes et la constitution de mĂ©tairies entraĂźnent une Ă©volution considĂ©rable des structures d’exploitation agraire. Sarrazin Jean-Luc, Les activitĂ©s d’un rassembleur de terres en Pays de Rais vers le milieu du xve siĂšcle », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 88, 2, 1981, p. 135-156. 29 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 916. 30 Un bail Ă  vie est mentionnĂ© dĂšs 1234 dans les archives du chapitre cathĂ©dral Arch. dĂ©p. Sarthe, G 50, et en 1233 dans celle de l’abbaye Saint-Vincent Arch. dĂ©p. Sarthe, H 94. Une mention en 1189 semble trop douteuse pour pouvoir ĂȘtre retenue Arch. dĂ©p. Sarthe, H 581. 31 Latouche, Robert, L'exploitation agricole dans le Maine du xiiie au xvie siĂšcle », Annales de Bretagne, 51, 1944, p. 218-229. 32 L’abbaye cistercienne de Buzay, dans le diocĂšse de Nantes, procĂšde aussi Ă  une conversion massive de ces terres au fermage pour pallier Ă  la faiblesse des revenus des censives. Sarrazin Jean-Luc, Les activitĂ©s d’un rassembleur de terres ». 33 Deck, Suzanne, Le temporel de l'abbaye cistercienne de Beaubec », Annales de Normandie, 1974, n° 30, 34 Exemple en 1375 une piĂšce » de terre appelĂ©e Jublans », situĂ©e Ă  Rouillon, est affermĂ©e Ă  Lorens de la VallĂ©e et Thiephaine sa fame ... pour eulx et pour Agnes lour fille et pour le plus vivant deulx trois ». Arch. dĂ©p. Sarthe, H 857. 35 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 876. 36 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 880. Le terme d’ estagier » fait ici rĂ©fĂ©rence aux exploitants des biens de l’Épau. Il participe d’un champ lexical centrĂ© autour de la maison et de l’exploitation, qui regroupe les termes “estre”/“aistre” lieu, place, et particuliĂšrement lieu construit, centre d’exploitation, “estrage” grange, appentis, maisonnette, “estage” maison, habitation et “estagier” habitant, rĂ©sident. 37 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 902. 38 Solvendo dicto Thome de Hireis domino feodali dictarum rerum quinque denarium turonensium census termino consueto ». Arch. dĂ©p. Sarthe, H 902. 39 L’affermage dĂ©jĂ  citĂ© du lieu de Bordebeure, paroisse d’YvrĂ©-l’ÉvĂȘque, met en relation des particuliers ; mais les biens sont situĂ©s ou fiĂ© ausdits religieux et tenues deulx Ă  17 deniers mailles tournois de cens ». Arch. dĂ©p. Sarthe, H 902. 40 Autre exemple en 1451 dans l’affermage d’un prĂ© de deux hommĂ©es, les preneurs sont tenus de payer en sus de la rente les deniers et anciens droits fĂ©odaux Ă  ceux de qui ces biens sont tenus » denaria feodalia et antiqua dominiis feodalibus a quibus dicte res tenentur ». Arch. dĂ©p. Sarthe, H 902. 41 Et en oultre lesdits preneurs promectent et sont tenuz ferefere et ediffier ou bout de la maison de ladite mestairie une ferme de maison bone et suffisante, tant de cloture comme toutes et autres choses necesseres a ladite ferme dedens six ans prochainement venans a leurs propres coutz et despens ; sauf quilz pourront prendre boys pour ce es bois de ladite abbaie au moins domageable desdits religieux abbĂ© et couvent dela PitiĂ© Dieu comme aprĂšs ce que par eulx ledit bois aura estĂ© montrĂ© audit preneur en assiette convenable ». Arch. dĂ©p. Sarthe, H 876. 42 La mĂ©tairie est affermĂ©e tout ainsi que par devant ledit preneur et feu son pĂšre la tindirent et exploictirent par baillĂ©es attestĂ©es que en avoient lesdits religieux oudit pĂšre dudit preneur lequel est lune des testes ». Arch. dĂ©p. Sarthe, H 876. 43 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 925. 44 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 894. 45 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 885. 46 Arch. dĂ©p. Sarthe, H 876. 47 Affermage d’un estrayge, maison avecques leurs appartenances [
] pour la somme de quinze soulx tournois monnaie courant de rente et deux deniers de cens, deux poulailles et les corvĂ©es telles comme les autres estagiers estoient tenuz et ont accoustume fere ». Arch. dĂ©p. Sarthe, H 880. 48 Lettre de Charles V autorisant que le reliquat des sommes levĂ©es pour la rançon de Jean le Bon soit utilisĂ© pour la reconstruction de l’Épau, Arch. dĂ©p. Sarthe, 111 AC 938 copie du xixe s.. 49 L’inscription sur sa pierre tombale prĂ©cise qu’il est mort le 10 mai 1444, et qu’il serait l’auteur de la reconstruction de l’église hic jacet dompnus Guillelmus de Bona Villa / abbas quintusdecimus hujus monasterii / qui reedificavit ecclesiam que olim destructa fuerat / tempore guerrarum, et obiit VII idus maii / anno domini millesimo CCCC° XL° quarto / anima eius requiescat in pace. Amen ». CitĂ© par Froger, Louis, L’abbaye de l’Épau du xiiie au xve siĂšcle », Revue Historique et ArchĂ©ologique du Maine, 34, 1893, p. 251-313, d’aprĂšs la collection GaigniĂšres. 50 En 1440 son prĂ©dĂ©cesseur, Jean Barbe, Ă©tait encore en vie et conduisait un procĂšs contre l’évĂȘque de Chartres Gallia Christiana, t. XIV, p. 537 et Froger Louis, L’abbaye de l’Épau ».. 51 BarrĂšre Louis, La PiĂ©tĂ©-Dieu de l’Épau, p. 7. 52 BarrĂšre Louis, La PiĂ©tĂ©-Dieu de l’Épau, p. 32. 53 C’est le cas par exemple de la façade occidentale de l’abbatiale quelle est la date de cette façade occidentale ? Est-elle antĂ©rieure ou postĂ©rieure Ă  1365 ? ». BarrĂšre Louis, La PiĂ©tĂ©-Dieu de l’Épau, p. 31. 54 Les voĂ»tes de la nef, du transept et du collatĂ©ral paraissent avoir Ă©tĂ© construites aprĂšs coup ou avoir fait l’objet d’une reconstruction. Si l’on admet qu’elles durent ĂȘtre remplacĂ©es aprĂšs 1365, il y a plusieurs indices qui permettent d’avancer pour elles une date plus tardive » NDA notamment les clĂ©s de voĂ»tes. BarrĂšre Louis, La PiĂ©tĂ©-Dieu de l’Épau, p. 31. Il prĂ©cise ensuite que la charpente du chƓur est d’origine, quand celle de la nef aurait Ă©tĂ© dĂ©truite en 1365 Il faut mentionner enfin la trĂšs remarquable charpente qui, Ă  cĂŽtĂ© de celle du chƓur restĂ©e intacte, remplaça au dĂ©but du xve siĂšcle sur la nef et le transept, celle qui fut dĂ©truite en 1365. L’artiste l’avait-il conçue pour demeurer apparente, une partie de l’abbatiale Ă©tant alors sans voĂ»tes ? Rien ne permet de l’affirmer, car la structure de l’édifice rĂ©clamait des voĂ»tes » BarrĂšre Louis, La PiĂ©tĂ©-Dieu de l’Épau, p. 47. 55 Ricordeau, Auguste, L’abbaye de l’Épau ». On peut cependant remarquer que le remplage trĂšs rĂ©gulier de cette baie, encore empreint de la rigueur du gothique rayonnant, rappelle davantage les rĂ©alisations du dernier tiers du xive siĂšcle que les rĂ©alisations du gothique des annĂ©es 1440. 56 Notons que dans cette pĂ©riode de la fin du xive et du dĂ©but du xve siĂšcle, l’Épau n’est pas le seul Ă©tablissement local Ă  se lancer dans de grands travaux c’est aussi la pĂ©riode oĂč est lancĂ© le vaste chantier des transepts de la cathĂ©drale, construits eux aussi Ă  cette Ă©poque et malgrĂ© un contexte lĂ  encore peu favorable, mĂȘme si les revenus du chapitre sont d’une autre ampleur que ceux de l’Épau. Mussat AndrĂ©, La cathĂ©drale du Mans, Paris, Berger-Levraut, 1981. Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Vincent Corriol, Heurts et malheurs d’une abbaye l’abbaye de l’Épau Ă  la fin du Moyen Âge », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 120-3 2013, 30-47. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Vincent Corriol, Heurts et malheurs d’une abbaye l’abbaye de l’Épau Ă  la fin du Moyen Âge », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest [En ligne], 120-3 2013, mis en ligne le 30 septembre 2015, consultĂ© le 17 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Avis d'appel public Ă  la concurrenceDĂ©partements de publication 72Annonce No 21-58640Services- Nom et adresse officiels de l'organisme acheteur DEPARTEMENT DE LA SARTHE. Correspondant le prĂ©sident, hĂŽtel du dĂ©partement, Place Aristide Briand 72072 Le Mans, courriel scp adresse internet internet du profil d'acheteur ActivitĂ©s du pouvoir adjudicateur Services gĂ©nĂ©raux des administrations du marchĂ© mission de maĂźtrise d'Ɠuvre relative Ă  la restauration du cellier de l'abbaye Royale de l'epau Ă  YvrĂ© l' - Objet principal 71210000Objets supplĂ©mentaires d'exĂ©cution .Code NUTS implique un marchĂ© principales la prĂ©sente consultation est lancĂ©e selon la procĂ©dure adaptĂ©e dĂ©finie aux articles R2123-1, R2123-4 et R2123-5 du Code de la Commande titre indicatif, les prestations devraient dĂ©buter en juin 2021.***les dĂ©lais d'exĂ©cution des documents d'Ă©tude et du dossier des ouvrages exĂ©cutĂ©s sont les suivants - aps 4 semaines - a compter de la notification du aPD 4 semaines**- pRO 3 semaines**- aCT 3 semaines**- vISA 2 semaines - a compter de la remise des dET 2 semaines - a compter de tenue de la rĂ©union- aOR 5 semaines - a compter de la rĂ©ception des travaux** A compter de la date de l'accusĂ© de rĂ©ception par le maĂźtre d'Ɠuvre du prononcĂ© de la validation du document d'Ă©tudesQuantitĂ©s fournitures et services, nature et Ă©tendue travaux coĂ»t prĂ©visionnel des travaux 700 000 euros visite n'est pas obligatoire mais les candidats dĂ©sirant se rendre sur le site devront s'adresser Ă  Samuel Pupier au devra se prĂ©senter Ă  l'accueil Ă  l'heure du rendez-vous pour signer le registre, le port du masque et le respect des gestes barriĂšres sont obligatoires. Le DĂ©partement se rĂ©serve le droit de refuser la visite Ă  un candidat qui se prĂ©senterait non muni d'un des divisĂ©es en lots essentielles de financement et de paiement et/ou rĂ©fĂ©rences aux textes qui les rĂ©glementent paiement par virement Ă  30 jours, sur fonds avance sera versĂ©e si le montant du marchĂ© atteint le seuil fixĂ© Ă  l'article R2191-3 du Code de la Commande Publique sauf renonciation de sa part dans l'acte d'engagement. Voir CCAP article juridique que devra revĂȘtir le groupement d'opĂ©rateurs Ă©conomiques attributaire du marchĂ© le marchĂ© sera conclu avec - un Architecte ;- un Économiste de la construction ;- du/Des BureauX d'Ă©tudes comprenant les compĂ©tences suivantes un BET Fluides et ElectricitĂ© Courants forts/courants faibles / Cvc.Les candidats sont libres de proposer en complĂ©ment des domaines listĂ©s ci avant d'autres compĂ©tences leur paraissant nĂ©cessaires pour rĂ©aliser Ă  bien la mandataire sera soit l'architecte, soit l' sera soit un architecte en chef des monuments historiques Acmh, soit un architecte du patrimoine diplĂŽmĂ© de l'Ă©cole de Chaillot, soit un architecte titulaire du diplĂŽme de spĂ©cialisation et d'approfondissement en architecture Dsa.En cas de candidature groupĂ©e, le groupement qui sera retenu devra prendre la forme d'un groupement conjoint avec mandataire solidaire compte tenu du type de pouvant ĂȘtre utilisĂ©es dans l'offre ou la candidature monĂ©taire utilisĂ©e, l' de participation La prestation n'est pas rĂ©servĂ©e Ă  une profession Ă  produire quant aux qualitĂ©s et capacitĂ©s du candidat situation juridique - rĂ©fĂ©rences requises Les candidats peuvent utiliser les formulaires Dc1 lettre de candidature et Dc2 dĂ©claration du candidat simplifiĂ©s fournis au DCE ou DUME pour prĂ©senter leur candidature***capacitĂ© Ă©conomique et financiĂšre RĂ©fĂ©rences requises Les candidats peuvent utiliser les formulaires Dc1 lettre de candidature et Dc2 dĂ©claration du candidat simplifiĂ©s fournis au DCE ou DUME pour prĂ©senter leur candidature***capacitĂ© technique - rĂ©fĂ©rences requises * La prĂ©sentation d'une liste des principales rĂ©fĂ©rences de moins de 5 ans en lien avec le marchĂ©, indiquant notamment le montant, la date et le destinataire public ou privĂ© ;* Une copie du/des certificats de qualification professionnelle inscription Ă  l'ordre des Architectes, diplĂŽmes.La transmission et la vĂ©rification des documents de candidatures peut ĂȘtre effectuĂ©e par le dispositif MarchĂ© public simplifiĂ© sur prĂ©sentation du numĂ©ro de SIRET NONCritĂšres d'attribution Offre Ă©conomiquement la plus avantageuse apprĂ©ciĂ©e en fonction des critĂšres Ă©noncĂ©s ci-dessous avec leur pondĂ©ration. - la valeur technique des prestations voir dĂ©tail dans le rĂšglement de la consultation 60 %; - le prix des prestations voir dĂ©tail dans le rĂšglement de la consultation 40 %.Une enchĂšre Ă©lectronique ne sera pas de procĂ©dure procĂ©dure limite de rĂ©ception des offres 25 mai 2021, Ă  11 h minimum de validitĂ© des offres 120 jours Ă  compter de la date limite de rĂ©ception des renseignements NumĂ©ro de rĂ©fĂ©rence attribuĂ© au marchĂ© par le pouvoir adjudicateur / l'entitĂ© adjudicatrice complĂ©mentaires les dĂ©pĂŽts de plis doivent ĂȘtre impĂ©rativement remis par voie retrouver cet avis intĂ©gral, accĂ©der au DCE, poser des questions Ă  l'acheteur, dĂ©poser un pli, allez sur le 1er octobre 2018, l'offre Ă©lectronique est revanche, la signature Ă©lectronique est facultative lors de la remise des le candidat retenu devra obligatoirement se doter d'une signature Ă©lectronique pour signer le marchĂ©.***pour obtenir tous les renseignements d'ordre administratif et technique qui leur seraient nĂ©cessaires au cours de leur Ă©tude, les candidats sont invitĂ©s au plus tard 10 jours avant la date limite de remise des offres Ă  passer par le module " Correspondre avec l'acheteur " de la plate-forme cas de dysfonctionnement, vous pouvez contacter le secrĂ©tariat du Service Juridique et Commande Publique au rĂ©ponse sera alors adressĂ©e en tempsutile Ă  tous les candidats au plus tard 8 jours avant la date limite de remise des d'envoi du prĂ©sent avis Ă  la publication 30 avril chargĂ©e des procĂ©dures de recours Tribunal administratif de Nantes 6, allĂ©e de l'ile-gloriette, CS 24111 44041 Nantes, tĂ©l. 02-40-99-46-00, courriel tĂ©lĂ©copieur 02-40-99-46-58 adresse internet chargĂ© des procĂ©dures de mĂ©diation ComitĂ© consultatif interrĂ©gional de rĂšglement amiable des diffĂ©rends ou litiges relatifs aux marchĂ©s publics immeuble Skyline, 22 mail Pablo Picasso Cedex 1 24209 44202 Nantes, courriel adresse internet concernant les dĂ©lais d'introduction des recours 1Dans le culte de la Vierge Marie, nous ne pouvons passer sous silence le problĂšme que posent les fontaines, les dolmens et les arbres ayant abritĂ©, dans la PrĂ©histoire ou l’AntiquitĂ©, un culte paĂŻen. Les lieux de culte antiques Ă©taient en gĂ©nĂ©ral situĂ©s en pleine campagne, mystĂ©rieusement cachĂ©s dans une forĂȘt, prĂšs d’une source, d’un arbre ou d’une pierre sacrĂ©e. C’est la raison pour laquelle nous mentionnons les monuments mĂ©galithiques et les sources d’eaux minĂ©rales et curatives, mais aussi les sources ordinaires. Ces sources ont inspirĂ© aux hommes le respect. 1. Le culte des sources 2 Cf. Cazes 1975, Perpignan, p. 3. 2En Roussillon, les eaux curatives sont nombreuses et rĂ©putĂ©es. DĂšs l’AntiquitĂ©, les Romains connurent les bienfaits des eaux d’AmĂ©lie-les-Bains qu’on appelait les Bains d’Arles. Les restes de thermes romains et des vestiges d’un culte rendu Ă  des nymphes y sont encore visibles2. Le culte de la Vierge guĂ©risseuse semble vraiment ĂȘtre liĂ© au pouvoir curatif des sources. À Font-Romeu, au-dessus de la fontaine, une inscription rappelle que Marie est source de santĂ©. À Err, la statue de la Vierge a Ă©tĂ© trouvĂ©e, selon la lĂ©gende, prĂšs de la riviĂšre. 3 Cf. Cazes 1977, p. 5. 3En Roussillon, plusieurs sites romains donnĂšrent naissance Ă  des ermitages, tel Notre-Dame de Tanya, dans la forĂȘt de SorĂšde. La rĂ©gion de Vernet-les-Bains, oĂč les eaux curatives abondent, est situĂ©e au pied du Canigou. Elle avait Ă©tĂ© occupĂ©e par les Romains dĂšs la fin IIe siĂšcle avant JĂ©sus-Christ, ou au dĂ©but du Ier siĂšcle, car ils y exploitĂšrent les mines de fer FĂ©dĂ©ration historique du Languedoc 1980. De mĂȘme l’abbaye de Saint-Michel d’Eixalada, fut fondĂ©e prĂšs d’une source d’eau curative Ă  ThuĂšs, certainement pour christianiser des populations qui adoraient en ces lieux des ondines. Malheureusement, cette abbaye fut dĂ©truite par une inondation en 8183. Construit sur le versant nord du Canigou, le prieurĂ© de Sainte-Marie de Corneilla, faisait - en quelque sorte - le pendant Ă  l’abbaye Sainte-Marie d’Arles. L’un comme l’autre Ă©taient placĂ©s prĂšs de sources curatives. Elles avaient sans doute jouĂ© le mĂȘme rĂŽle, dans la lutte contre le paganisme. Les sources de Vernet-les-Bains et des bains d’Arles-sur-Tech Ă©taient connues des Romains. Rares sont les chapelles rurales qui ne se trouvent pas au bord d’une source. 2. Les cultes des divinitĂ©s paĂŻennes 4 Inscription logĂ©e au-dessus de la fontaine de Font-Romeu. 5 Cf. Cortade 1964, p. 81. 6 Cf. Delcor 1970, p. 24. 4En Roussillon, la plupart des ermitages sont dĂ©diĂ©s Ă  Marie, source de vie4. Les Romains se plaisaient Ă  placer leurs lieux de culte non loin d’un endroit mystĂ©rieux et parfois difficile d’accĂšs. Pour certains auteurs, ce serait le cas du temple de Neptune qui aurait Ă©tĂ© remplacĂ© par la chapelle de Notre-Dame de Consolation Ă  Collioure5. La grotte au-dessus de la chapelle de Saint-Pierre-de-la-Roca, prĂšs de Villefranche-de-Conflent, semble avoir abritĂ© un culte paĂŻen. Mathias Delcor, Ă©nonce une thĂšse selon laquelle le culte de Marie, mĂšre de Dieu, aurait remplacĂ© en Cerdagne le culte de CybĂšle mĂšre des Dieux » Delcor 1970. Pour cette interprĂ©tation, il se base sur le cas de l’église mariale d’Alet-les-Bains qui fut construite sur un ancien temple de CybĂšle. Un autel votif, trouvĂ© Ă  Alet et conservĂ© au musĂ©e de Toulouse, porte l’inscription suivante Matri Deum Cn. Pomp. Probus curator templ S. Ă  la mĂšre des dieux, Cneius Pompeius Probus, curateur du temple, a fait un vƓu volontaire et Ă  bon droit6. 7 Cf. Leroy-ladurie et Vigne 1980, p. 185. 8 Cf. Chauvet 1899, p. 57. 5À Torreilles, en Salanque, des recherches rĂ©vĂ©lĂšrent une occupation antique et, lĂ  encore, s’élĂšve un ermitage dĂ©diĂ© Ă  Marie, Notre-Dame de JuhĂ©gnes. Une chose est sĂ»re, la christianisation du Roussillon, comme dans bien des rĂ©gions, rĂ©sulte d’un bricolage astucieux de la doctrine chrĂ©tienne sur les bases de la religion gallo-romaine7. Le folkloriste Horace Chauvet rĂ©sume ainsi cette pensĂ©e Le christianisme a rĂ©ussi Ă  s’établir chez les peuples mĂ©diterranĂ©ens en se faisant paĂŻen lui-mĂȘme »8. 3. Les goigs9 9 Cf. Deloncle 1952 tous les extraits des goigs sont tirĂ©s de cet ouvrage. 6En Roussillon, comme en Cerdagne, ces chants religieux du XVe siĂšcle insistent sur cet aspect du culte de Marie Vierge priĂ©e contre la stĂ©rilitĂ© des femmes ». On peut relever des exemples explicites dans de nombreuses localitĂ©s 7Banyuls-sur-Mer Les esteriles que us visitenL vos fan oraciĂł,Alcancen i fructifiquenFruit de benedicciĂł » 8Les femmes stĂ©riles qui vous visitent Et vous font des priĂšres Obtiennent Le fruit de bĂ©nĂ©dictions. 9SorĂšde, pour les femmes enceintes qui demandent une heureuse dĂ©livrance A les dones que us reclamenEn lo part les ajudeu, » 10Aux femmes qui vous le rĂ©clament En couches, vous les aidez. 11Laroque-des-AlbĂšres Les dones que son prenyadesVos preguen per son bon part » 12Les femmes qui sont enceintes Vous prient pour avoir un bon accouchement. 13ThĂ©za Desllirau la muller » DĂ©livrez l’épouse. 10 TĂ©moignage oral de Jean Parahy, mon grand-pĂšre, ancien instituteur au Soler, dont le pĂšre avait des ... 14Cela semble ĂȘtre une preuve car Marie a pris la place de la dĂ©esse de la fĂ©conditĂ©, de la dĂ©esse-mĂšre. Qu’on les appelle CybĂšle, CĂ©rĂšs, Epone ou Isis, toutes peuvent avoir Ă©tĂ© remplacĂ©es par Marie, mĂšre de Dieu, protectrice des rĂ©coltes. LĂ  encore se sont les goigs des XVIIe ou XVIIIe siĂšcles, formes littĂ©raires reflĂ©tant les croyances et les mentalitĂ©s populaires de l’époque qui nous donnent la preuve Donau herba al palier Donnez du foin Ă  la grange. À Thuir, les paysans et surtout les viticulteurs allaient jusqu’à la fin du siĂšcle dernier Ă  la chapelle de la Pietat, le 8 septembre, la veille de l’ouverture des vendanges, afin que la vendange soit bonne10. D’autres exemples abondent. 15À ThĂ©za Guardau, bon Oratori,De, pedra i de malori,Los camps i lo vinyer,Verge del bon Remell » 16Bon Oratoire, gardez les champs et les vignes, de grĂȘle et de maladie, Vierge du bon remĂšde ! 17À Saint-Nazaire Lo pages cerca coratgeQuan lo abat lo malhor,En vostra Santa Imatge seTroba descans i ardorDe sos bĂ©ns seu guardadora,I bĂ© el sabeu ajudar ! » 18Le paysan cherche le courage Quand le malheur l’abat, En votre sainte Image on trouve repos et ardeur De ses biens soyez la gardienne, vous qui savez si bien l’aider !. 19À PlanĂ©s oĂč la mĂȘme rĂ©miniscence de la dĂ©esse CĂ©rĂšs touche la Cerdagne française Alcançau-nos abundosaPluja en temps de sequedat,I guardau de tempestatEsta serra tan fragosa » 20Donnez-nous de l’abondante Pluie en temps de sĂ©cheresse, Et gardez d’orage Cette montagne si fertile 21À Puigcerda, en Cerdagne espagnole, l’allusion est encore plus directe Donan-nos copia de blatSou la Ceres de Cerdanya. » 22Donnez-nous une grande quantitĂ© de blĂ©, vous ĂȘtes la CĂ©rĂšs de la Cerdagne 23Pour les mĂȘmes raisons, paĂŻens et chrĂ©tiens adressĂšrent leurs priĂšres aux auxiliaires de la divinitĂ©, au mĂȘme endroit et pratiquement dans le mĂȘme cĂ©rĂ©monial. L’usage des cierges fut autorisĂ© et, avec lui, d’autres pratiques comme l’immersion des malades dans une piscine alimentĂ©e par la source. 11 Cf. Camos 1657, p. 262. 24Un moine dominicain, le pĂšre Camos, visita tous les ermitages de la Vierge, en Catalogne. Il fit paraĂźtre en 1657 un ouvrage, El jardin de Maria, dans lequel il explique ainsi les bains des malades Ă  la fontaine de Font Romeu Dieu Ɠuvre par l’intermĂ©diaire de cette statue de nombreuses merveilles envers ses dĂ©vots et en particulier ceux qui ont des douleurs, en trempant ceux qui souffrent dans la piscine, qui se trouve prĂšs de la chapelle oĂč l’on recueille l’eau de la fontaine, qui naĂźt sous l’autel dans laquelle ils se baignent neuf fois, et ensuite bien couverts, ils vont devant la Vierge faire leurs priĂšres, avec lesquelles beaucoup retrouvent la santĂ© »11. 4. Les dĂ©couvertes miraculeuses de Vierges 12 Cf. Chauvet, ibid., p. 7. 13 Cf. Delcor, ibid., p. 29. 25C’est le point le plus obscur oĂč la lĂ©gende cĂŽtoie l’histoire car Le paganisme est comme un chĂȘne qu’on abat, mais qui fait des rejetons les lĂ©gendes »12. Pour intĂ©resser les paysans Ă  l’évangĂ©lisation, l’Église dut donner aux saints et Ă  la Vierge les mĂȘmes pouvoirs qu’avaient les anciens dieux. Les liens qui unissent l’homme et la nature sont trop Ă©troits pour qu’ils puissent s’en libĂ©rer. C’est la raison pour laquelle l’Église dota les lieux de culte d’une sorte de mythologie, qui fit intervenir de nombreux Ă©lĂ©ments des lĂ©gendes paĂŻennes. Ce qui semble le plus surprenant, c’est le rĂŽle que joue le taureau dans la plupart de ces inventions. Le taureau apparaĂźt comme l’instrument providentiel grĂące auquel une statue est mise en service en vue d’un sanctuaire dĂ©terminĂ©13. On peut citer plusieurs exemples. 26À Notre-Dame de Villanova Que vostra Imatge descobriUn toro en haver gratat ». 27Un taureau ayant grattĂ© la terre dĂ©couvrit votre image 28À Font-Romeu Un toro dels mes salvagesProp de la font pastorantDescobri vostra imatge. » 29Un taureau des plus sauvages PrĂšs de la fontaine paissant DĂ©couvrit votre image. 30À Calmeilles Un bou mentres pastoravaDescobri a bona gentLa vostra Imatge sagrada. » 31Pendant qu’un bƓuf paissait, Il dĂ©couvrit au peuple Votre image sacrĂ©e. 32En rĂ©alitĂ© cette lĂ©gende se rĂ©pĂšte pour tous les ermitages de montagne, mĂȘme si les goigs ne les mentionnent pas tous Just 1860. Le pĂšre Camos rapporte que la tradition voulait que la Vierge de Cases-de-PĂšne fut pareillement dĂ©couverte dans une grotte par un taureau. Camos a en effet visitĂ© la Catalogne vers le milieu du XVIIe siĂšcle et c’est un tĂ©moignage prĂ©cieux pour l’historien car il confirme ce que les goigs nous apprennent. Mais, sur la dĂ©couverte des statues de la Vierge, il reste dans le vague quand il s’agit de fixer une date. 14 Cf. Camos, ibid., p. 258. 15 Cf. Camos, ibid., p. 261. 16 Cf. Camos, ibid., p. 263 17 Cf. Camos, ibid., p. 422. 33En Cerdagne, pour Notre-Dame de Belloch, prĂšs de Dorres, il affirme que La statue est trĂšs ancienne », et pour l’invention de cette mĂȘme Vierge, il dit Il est tenu pour certain qu’elle fut dĂ©couverte prĂšs d’une fontaine appelĂ©e la fontaine du bois, mais on ne sait pas avec certitude comment cela arriva. Toutefois de nombreuses personnes disent qu’elle fut dĂ©couverte par quelque berger qui faisait paĂźtre leur troupeau en ce lieu »14. Pour la Vierge de Font-Romeu, l’auteur Ă©crit En ces lieux oĂč elle Ă©tait cachĂ©e depuis les temps que seule sa Divine MajestĂ© connaĂźt. Son invention se fit par l’intermĂ©diaire d’un taureau qui fuyant la compagnie de ses semblables s’en allait Ă  la fontaine »15. Pour Notre-Dame d’Err, il se fait aussi l’écho de la tradition populaire On trouva sa statue, selon l’opinion commune prĂšs d’une riviĂšre »16. De mĂȘme concernant la Vierge de Pene » il Ă©crit que Suivant la tradition, un troupeau de bƓufs cherchant leur nourriture en ce lieu, l’un d’eux s’approcha de la fameuse grotte, gratta plusieurs fois l’herbe trĂšs parfumĂ©e et dĂ©couvrit l’image de cette divine plante qui orne si bien le jardin de l’Église, Marie, avec laquelle il semblait trĂšs heureux, travaillant pour que beaucoup l’imitent, criant et faisant des signes extraordinaires, jusqu’à ce que le berger averti montĂąt trĂšs lĂ©ger jusqu’à elle et dĂ©couvrĂźt la Sainte Image. »17. 18 Cf. Delcor, ibid., p. 29. 19 Cf. Camos, ibid., p. 418. 20 Cf. Mare 1967, p. 6. 34En fait cette mythologie rejoint celle de CybĂšle Ă  qui l’on faisait le sacrifice d’un taureau au cours de ses mystĂšres. Dans les lĂ©gendes chrĂ©tiennes, le taureau n’est que l’humble intermĂ©diaire dont Dieu se sert pour introduire le culte de la Vierge MĂšre18. Nous trouvons essentiellement ces lĂ©gendes dans les rĂ©gions montagneuses, et les hagiographes semblent les accommoder selon les us et coutumes de chaque ermitage. Par contre, Ă  RodĂšs, lĂ  oĂč finit la plaine du Roussillon et oĂč commence le Confient, ce n’est pas le taureau qui dĂ©couvre la statue, mais un agneau. Les ovins se contentent en effet plus facilement de la maigre prairie des garrigues qui entourent la chapelle de Domanova, tandis que les bovins, pouvaient ĂȘtre rares dans cette contrĂ©e, ce que Camos confirme de cette façon Un petit agneau d’un troupeau, paissant en ces lieux, s’isolait quelquefois et comme cela donnait des soucis Ă  son berger, il le suivit pour ne pas le perdre. Il le trouva sous un genĂ©vrier, prosternĂ©, la tĂȘte levĂ©e, regardant la dite plante, comme s’il voulait signaler au berger, qu’il devait regarder lĂ -haut. Il le fit enfin et vit la Sainte image »19. Ainsi, dans la montagne aride au-dessus de Collioure, prĂšs de l’ermitage de Consolation, entre la grotte et la fontaine bleue, la Vierge fut dĂ©couverte par un berger20. 35En plaine, les lĂ©gendes sont plus rares, car la Vierge d’origine a souvent disparu lors de la RĂ©volution française, mais aussi de changements successifs de modes. La psychologie des montagnards est aussi Ă©loignĂ©e de celle d’un paysan de la plaine que la mentalitĂ© des paysans est Ă©loignĂ©e de celle des gens des villes. Les montagnes sont un terrain propice aux lĂ©gendes avec leurs accidents de terrain, les sources, les forĂȘts, les prĂ©cipices, les rencontres avec les bĂȘtes sauvages, tout cela sert Ă  poser la trame des hagiographies Pons 1929. 5. Les cultes de la forĂȘt 36Dans le Vallespir, pays trĂšs boisĂ©, les dĂ©couvertes eurent lieu dans les arbres. Nous retrouvons ici la lutte contre le paganisme et la dĂ©sacralisation de la nature. Nous avons vu qu’il existait un lien entre le culte mariai et l’eau. Nous voyons maintenant les liens entre la Vierge et le rĂšgne vĂ©gĂ©tal. Les goigs ne nous apprennent rien Ă  ce sujet, nous devons donc nous fier Ă  la tradition perpĂ©tuĂ©e par les folkloristes du XIXe et XXe siĂšcles. Ainsi, Notre-Dame de l’Espinas ou de l’aubĂ©pine, dont la statue fut dĂ©couverte dans un buisson d’aubĂ©pine par un paysan, se trouve actuellement Ă  l’église de Coustouges et elle porte un rameau d’aubĂ©pine Ă  la main. Dans le territoire de Taillet, pays du chĂȘne vert et du chĂȘne-liĂšge, il est un endroit abritĂ© oĂč poussent toutes sortes de plantes exotiques, tel qu’un poivrier. C’est lĂ  oĂč se trouve Notre-Dame du Roure ou du chĂȘne. Ce nom se retrouve dans le Confient, prĂšs de Prades. Ces deux Vierges ont Ă©tĂ© trouvĂ©es dans un tronc de chĂȘne, de mĂȘme que Notre-Dame del Coral Ă  Prats de Mollo. 21 Cf. Just, p. 89 37Cela ne pourrait-il reflĂ©ter les spĂ©cialisations de chacun de ces pays ? Ainsi, touchant la Catalogne dite humide », le Vallespir boisĂ© pouvait privilĂ©gier l’élĂ©ment sylvestre et les mĂ©tiers de la forĂȘt. Au contraire, avec ses larges estives et ses prairies, la Cerdagne Ă©tait sans doute plus dĂ©diĂ©e au pastoralisme. Cela expliquerait l’importance de l’arbre d’une part et du taureau d’autre part, dans les dĂ©couvertes des statues de la Vierge pour ces deux micro-rĂ©gions. Les arbres sont au mĂȘme titre que les sources, des objets de culte protohistoriques, c’est pourquoi l’Église s’est attachĂ©e Ă  les christianiser. Pour l’Église, les statues roussillonnaises de Marie ont Ă©tĂ© les supports sur lesquels elle a tentĂ© de transfĂ©rer la vĂ©nĂ©ration que les populations portaient antĂ©rieurement aux Ă©lĂ©ments naturels. Le succĂšs du rite de l’immersion, qui a perdurĂ© pendant des siĂšcles, montre que ce fut un Ă©chec. Ces populations considĂ©raient le culte de la Vierge de la mĂȘme maniĂšre que celui qu’ils portaient Ă  des divinitĂ©s prĂ©chrĂ©tiennes21. 6. Les cultes dĂ©diĂ©s Ă  l’élĂ©ment minĂ©ral et aux sites anciens 22 Cf. Vidal, p. 31. 38Moins importants furent les monuments mĂ©galithiques et les grottes qui furent christianisĂ©es. À Banyuls-sur-Mer, il existe un dolmen, au domaine des Abeilles, oĂč est construite la chapelle dĂ©diĂ©e Ă  Notre-Dame des Abeilles. Dans le territoire de PassĂ  s’élĂšve un monastĂšre dit el monastir del Camp. Ce village de PassĂ  recĂšle des Ă©lĂ©ments liĂ©s Ă  l’occupation latine et Pierre Vidal y mentionne des dolmens22. Une lĂ©gende carolingienne est Ă©galement liĂ©e Ă  la fondation de ce monastĂšre oĂč, du moins, Ă  la Vierge des Victoires qui y fut vĂ©nĂ©rĂ©e, puis transfĂ©rĂ©e Ă  l’église paroissiale de Thuir. 39Il n’est pas certain que l’oratoire, puis la chapelle de Notre-Dame del Arca, en Roussillon, ait Ă©tĂ© construite dans un lieu oĂč il y avait des monuments mĂ©galithiques, bien que le terme de Arca, signifie dolmen en catalan. La carte ne mentionne pas de dolmen entre Saint-Nazaire et Cabestany, Ă  l’endroit oĂč se trouve cet ermitage. S’agit-il d’une tombe en coffre du NĂ©olithique ou d’un ancien dolmen, dĂ©truit de longue date et dont les anciens ont voulu perpĂ©tuer le souvenir, en surnommant l’ermitage du lieu-dit Notre-Dame de l’Arca ? 23 Cf. Vidal, ibid., p. 29 et 30. 40Les conciles, Ă  partir de celui d’Arles, en 462, ordonnĂšrent la destruction des lieux de culte paĂŻens. Beaucoup de ces monuments mĂ©galithiques disparurent alors, mais s’il Ă©tait facile d’abattre un arbre ou de dĂ©truire un dolmen, il Ă©tait impossible de faire disparaĂźtre une source, un Ă©tang, ou une riviĂšre. Certains menhirs furent christianisĂ©s et servirent de support Ă  des oratoires chrĂ©tiens. En 1392 au territoire d’Ur en Cerdagne, sur le chemin de PuigcerdĂ , un rocher ou menhir ? fut transformĂ© en oratoire23. En Confient, l’abbaye de Saint-Martin du Canigou semble avoir Ă©tĂ© construite sur l’emplacement d’une chapelle rurale plus ancienne, qui elle-mĂȘme pourrait avoir Ă©tĂ© fondĂ©e pour mettre fin Ă  des cultes paĂŻens. 41En effet, des lĂ©gendes populaires font du Canigou et de ses vallĂ©es un lieu de rendez-vous des fĂ©es. Jean Amades Amades 1936 et Horace Chauvet Chauvet 1941 sont d’accord pour croire que ces lĂ©gendes sont des survivances de culte paĂŻen, Ă©touffĂ©es par l’église, qui auraient ressurgi sous cette forme de tradition orale que les paysans se seraient transmis pendant les longues soirĂ©es d’hiver. Une chose est certaine, le Canigou Ă©tait une montagne tutĂ©laire qui devait abriter des lieux de culte paĂŻen. C’est pour combattre leurs divinitĂ©s que les moines vinrent s’installer au pied mĂȘme du Canigou. 42Pourtant, le prieurĂ© de Serrabonne ne semble pas avoir eu le mĂȘme rĂŽle. Perdu au milieu des collines boisĂ©es de chĂȘnes verts et d’oliviers sauvages, ses occupants recherchaient peut-ĂȘtre plus simplement le calme et le silence requis pour une vie contemplative. Ce serait un des seuls cas qui n’aurait pas comme origine premiĂšre la lutte contre le paganisme, ce qui ne nous semble guĂšre crĂ©dible. Les moines cherchaient le recueillement, mais avant tout, ils cherchaient Ă  assurer l’expansion de leur doctrine et faire triompher partout la foi chrĂ©tienne, face aux puissances sataniques que reprĂ©sentaient les religions polythĂ©istes de l’AntiquitĂ©. Dans ces confins des PyrĂ©nĂ©es, entre Aspres et Confient, nous n’avons certes trouvĂ© aucune manifestation visible de culte paĂŻen au lieu de Serrabone. Nous ne pouvons qu’émettre une hypothĂšse, en comparant avec toutes les autres fondations monastiques du haut Moyen Âge. 43En effet, les peuples antiques n’adoraient-ils pas les divinitĂ©s naturelles ? Qu’il s’agisse d’abbayes, de prieurĂ©s, de certains couvents ruraux, ou de simples ermitages, tous ces Ă©tablissements religieux semblent bien avoir Ă©tĂ© fondĂ©s dans le mĂȘme but lutter Ă  armes Ă©gales contre les cultes paĂŻens, avec un mĂȘme idĂ©al, la victoire du christianisme. Une exposition inĂ©dite sur Blake et Mortimer a ouvert ses portes ce dimanche 25 novembre au Mans. Pour l'occasion, une rencontre avec les auteurs du dernier opus Ă©tait organisĂ©e. Teun Berserik, Peter Van Dongen et Yves Sente, auteurs du dernier album intitulĂ© La vallĂ©e des immortels ». ©Le Petit CourrierLes auteurs du dernier tome de Blake et Mortimer Ă©taient Ă  l’abbaye de l’Epau, Ă  YvrĂ©-l’EvĂȘque Sarthe ce dimanche 25 novembre 2018. Une exposition est consacrĂ©e Ă  la BD jusqu’au 17 mars 2019. Exposition de planches originales Ă  250 000 €VĂ©ritable rĂ©trospective des aventures de Blake et Mortimer, sĂ©rie mythique du journal Tintin, elle rend hommage au crĂ©ateur belge de la saga Edgar P. Jacobs et Ă  ses hĂ©ritiers. Créé en 1948, la saga Blake et Mortimer compte Ă  ce jour 25 albums. ©Les Nouvelles de SablĂ©Le conseiller scientifique de l’exposition Luc RĂ©villon n’est pas peu fier. C’est la premiĂšre fois que les travaux des 13 auteurs successifs de la sĂ©rie sont rĂ©unis dans un mĂȘme lieu »La scĂ©nographie concoctĂ©e par les Ă©quipes du DĂ©partement de la Sarthe est particuliĂšrement soignĂ©e avec des panneaux explicatifs nombreux et surtout une impressionnante collection de calques, crayonnĂ©s, planches le tout dans un univers reconstituĂ© dans l’esprit dĂ©tective avec de vieux tĂ©lĂ©phones, une machine Ă  Ă©crire
 sans oublier l’immersion sonore rĂ©alisĂ©e grĂące Ă  des technologies de pointe. On s’y croirait ! Parmi tous ces trĂ©sors de vĂ©ritables bijoux des planches originales de 1950 signĂ©es du crĂ©ateur de la sĂ©rie et habituellement conservĂ©es en coffre-fort
 Et pour cause, chacune d’entre-elles vaut la bagatelle de 250 000 €, au bas sĂ©curitĂ© renforcĂ©eLe DĂ©partement a d’ailleurs dĂ» renforcer la sĂ©curitĂ© des salles d’exposition avec l’installation de camĂ©ras et dĂ©tecteurs de exceptionnelle avec les auteursCe dimanche, les bĂ©dĂ©philes ont pu rencontrer les auteurs du dernier album intitulĂ© La vallĂ©e des immortels » Éd. Dargaud les dessinateurs Teun Berserik et Peter Van Dongen et le scĂ©nariste Yves en ce moment sur ActuNombreuses animations autour de l’expositionL’exposition se prolongera bien au-delĂ  de la seule journĂ©e du 25 nombreuses actions de mĂ©diation culturelle sont programmĂ©es avec des visites guidĂ©es d’une durĂ©e d’une heure environ, tous les samedis, Ă  16 y aura aussi les Escapades de l’Épau » et ses ateliers pour toute la famille Les codes secrets de Blake », le mercredi 13 fĂ©vrier 2019 puis Les expĂ©riences du professeur Mortimer », le mercredi 20 fĂ©vrier 2019. La rĂ©servation est obligatoire. La cĂ©lĂšbre et mythique Marque jaune » de l’album Ă©ponyme. ©Le Petit CourrierEt pour les fins limiers et amateurs d’enquĂȘtes, il y aura deux rendez-vous les dimanches 3 fĂ©vrier et 19 programmation de sĂ©ances de cinĂ©ma sur le thĂšme de l’espionnage est en cours pour les dimanches 20 janvier, 10 fĂ©vrier et 17 mars 2019, Ă  17 scolaires ne sont pas en reste avec une offre pĂ©dagogique pour les Ă©coliers, collĂ©giens et Ă  YvrĂ©-l’EvĂȘque, La Suze et RuaudinLe rĂ©seau des mĂ©diathĂšques joue Ă©galement le jeu avec une exposition itinĂ©rante d’un portfolio grand format dĂ©but 2019 du 8 au 19 janvier, Ă  la mĂ©diathĂšque George-Sand d’YvrĂ©-l’ÉvĂȘque ; du 5 au 16 fĂ©vrier Ă  la mĂ©diathĂšque Les Mots Passants » de La Suze-sur-Sarthe et du 26 fĂ©vrier au 23 mars Ă  la bibliothĂšque municipale de L’exposition Ă  l’Abbaye royale de l’Épau route de ChangĂ©, 72 530 YvrĂ©-l’ÉvĂȘque se visite du mercredi au lundi, de 11 h Ă  18 h fermeture le mardi sauf pendant les vacances scolaires. Adultes 5,5 € 4 € pour les demandeurs d’emploi et Ă©tudiants, adolescents jusqu’à 17 ans 3 €. Gratuit pour les moins de 10 ans. Plus d’infos sur Cet article vous a Ă©tĂ© utile ? Sachez que vous pouvez suivre Le Courrier - L'Écho dans l’espace Mon Actu . En un clic, aprĂšs inscription, vous y retrouverez toute l’actualitĂ© de vos villes et marques favorites.

abbaye de la sarthe en 8 lettres